«Le temps presse»
Haïti déjà au bord du chaos, les gangs menacent de s'emparer de la capitale

L'ONU s'alarme, les gangs pourraient s'emparer de la totalité de Port-au-Prince si la mission internationale tarde à se déployer. António Guterres appelle à renforcer immédiatement la MMAS, soulignant l'urgence de la situation en Haïti.
Publié: 03:16 heures
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Une femme pleure devant sa maison après que des gangs armés haïtiens l'ait incendiée.
Photo: AFP
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ATS Agence télégraphique suisse

Tout nouveau retard dans le déploiement à Haïti de la mission internationale de soutien à la police pourrait permettre aux gangs de «s'emparer» de la totalité de la capitale, s'est alarmé mercredi le secrétaire général de l'ONU. Il a dénoncé les «ratés» de la transition politique.

N'étant «toujours pas déployée» pleinement, la capacité opérationnelle de la mission internationale d'appui à la sécurité (MMAS) menée par le Kenya est «limitée», a déploré António Guterres dans un rapport publié mercredi, appelant à la renforcer «immédiatement», en personnel, en matériel et en financement. «Le temps presse», a-t-il insisté.

«Tout retard supplémentaire ou toute lacune opérationnelle dans l'apport d'un soutien international à la police nationale [...] fait courir le risque d'un effondrement catastrophique des institutions nationales de sécurité. Les gangs pourraient ainsi s'emparer de l'ensemble de la zone métropolitaine [de Port-au-Prince], ce qui entraînerait l'effondrement complet de l'autorité de l'Etat», a-t-il mis en garde.

800 policiers déployés

«Haïti continue de faire face à des défis majeurs qui menacent plus que jamais la sécurité de la population et la survie même de l'Etat», a reconnu de son côté le ministre haïtien des affaires étrangères, Jean-Victor Harvel Jean-Baptiste, lors d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU.

Le conseil avait donné son feu vert en octobre 2023 à la MMAS pour aider la police haïtienne, dépassée par la violence des gangs. Mais seuls quelque 800 policiers de six pays ont été déployés progressivement depuis l'été dernier, sur les 2500 espérés. Et les attaques des gangs, qui contrôlent déjà selon l'ONU 85% de la capitale, ne semblent pas avoir faibli depuis.

Selon le haut commissariat des Nations unies aux droits de l'homme, au moins 5601 personnes ont été tuées dans le pays pauvre des Caraïbes l'an dernier, soit 1000 de plus qu'en 2023.

Une transition ratée

António Guterres a encore déploré dans son rapport les «ratés du processus politique» à Haïti, qui ont «contribué à créer un climat ayant rendu possibles ces atrocités». Dans ce contexte, «l'objectif de rétablir les institutions démocratiques d'ici à février 2026 est compromis», a-t-il estimé.

Sous pression d'attaques concertées des gangs, l'ancien premier ministre Ariel Henry avait démissionné en mars 2024, laissant la place à un conseil présidentiel de transition qui a déjà limogé un premier ministre en novembre. Voyant malgré tout des «progrès sur le front politique», la représentante spéciale de l'ONU dans le pays, Maria Isabel Salvador, a regretté mercredi «une fragmentation» de ce conseil qui «complique le processus».

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