Le psychologue Ahmad Mansour explique
Voici pourquoi des jeunes hommes rejoignent le Hamas

Autrefois, il faisait lui-même partie des cercles islamistes radicaux autour du Hamas. Ahmad Mansour, qui a quitté le mouvement, donne aujourd'hui un aperçu des motivations de ses membres.
Publié: 16.10.2023 à 16:35 heures
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Dernière mise à jour: 16.10.2023 à 16:58 heures
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Le psychologue Ahmad Mansour explique pourquoi des jeunes hommes rejoignent le Hamas.
Photo: Daniel Pilar/laif
Marian Nadler

Qu’est-ce qui pousse de jeunes hommes à rejoindre le Hamas? Et pourquoi n’hésitent-ils pas à commettre des crimes? Le psychologue israélo-palestinien Ahmad Mansour a répondu à ces questions dans une interview accordée à la «NZZ am Sonntag».

«Les gens se radicalisent en général – qu’il s’agisse de radicalisme de droite ou d’islamisme – parce que l’idéologie radicale en question leur offre une direction, un soutien et des mots clairs», analyse l’expert en islamisme. Le monde est expliqué de manière schématique aux recrues potentielles, tout est noir ou blanc, pas les deux. Ceux qui adhèrent à une idéologie radicale auraient alors l’impression d’appartenir à une élite.

Narcissisme, manque d’empathie, manipulation

Dans sa jeunesse, Ahmad Mansour a lui-même fait partie des cercles islamistes radicaux autour du Hamas, il connaît donc bien la vision du monde de l’organisation palestinienne. «Je voulais appartenir à quelque chose», confie-t-il aujourd’hui. Il pensait alors faire partie d’un groupe qui «dominerait un jour le monde».

Selon Ahmad Mansour, la personnalité des dirigeants du Hamas se différencie nettement de celle de simples combattants. Les leaders se distingueraient par leur narcissisme, leur manque d’empathie et leur capacité à manipuler les autres. «Les personnes ayant cette personnalité ne sont jamais celles qui se font exploser avec une ceinture d’explosifs», souligne le psychologue.

«Ils sont excités face à la douleur, la torture…»

Interrogé sur les récentes attaques commises en Israël, Ahmad Mansour ne mâche pas ses mots. Il qualifie de «psychopathes» les jeunes hommes qui ont tiré dans la tête de bébés. «Comme d’autres regardent du porno, ils sont excités face à la douleur, la torture, le viol et le meurtre. Ils éprouvent du plaisir à décapiter d’autres personnes», analyse-t-il. Certains membres du Hamas n’agiraient pas par nécessité, mais par pure haine.

«Dans mon cas, même si je détestais les juifs et trouvais les kamikazes 'cool', jamais je n’aurais pu prendre une arme et tirer», assène Ahmad Mansour à propos de sa propre expérience. Selon lui, la brutalité des membres varie, car l’idéologie ne contrôle pas la capacité à avoir de l’empathie.

«Celui qui fait preuve de faiblesse au Proche-Orient finit écrasé»

Pendant des années, Ahmad Mansour a recruté des enfants et des adolescents, donné des cours sur le Coran et s’est engagé dans la politique locale. Lorsqu’il a commencé ses études de psychologie à Tel Aviv à l’âge de 20 ans, quelque chose a changé. «A travers les rencontres avec ceux que je considérais comme des ennemis et qui sont très vite devenus des amis, mais aussi à travers les livres que je lisais, j’ai commencé à douter.» Après une longue période de réflexion, sa vision du monde a changé.

En ce qui concerne les menaces proférées par le commandement de l’armée israélienne en réaction à l’attaque, Ahmad Mansour n’a qu’une chose à dire: «Celui qui fait preuve de faiblesse au Proche-Orient est ensuite écrasé.» Étant donné qu’Israël a déjà montré des signes faiblesses lors de l’attaque initiale du Hamas, elle doit frapper fort.

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