La guerre entre Israël et le Hamas, qui a fait des milliers de morts dans les deux camps, a été déclenchée après une attaque sanglante et sans précédent lancée le 7 octobre par le Hamas contre le territoire israélien à partir de la bande de Gaza sous contrôle du mouvement islamiste palestinien.
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Face aux frappes aériennes israéliennes de représailles contre la bande de Gaza et après les appels de l'armée à évacuer le nord du territoire palestinien, plus d'un million de personnes ont été déplacées en une semaine dans ce territoire de 362 km2, qui compte au total 2,4 millions d'habitants, selon l'ONU.
L'armée israélienne a confirmé dimanche qu'elle se préparait à une «prochaine étape» de son opération de représailles contre le Hamas, responsable de l'attaque la plus meurtrière depuis la création d'Israël, se disant dans l'attente d'une «décision politique».
Ne pas «jeter de l'huile sur le feu»
Ces préparatifs inquiètent au plus haut point la communauté internationale, qui redoute que le conflit n'embrase la région. A la manoeuvre depuis plusieurs jours, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken doit retourner en Israël lundi, pour une deuxième visite en une semaine, après une tournée dans plusieurs pays arabes.
Au Caire, il a assuré que les alliés arabes des Etats-Unis ne voulaient pas de débordement du conflit. «Personne ne doit jeter de l'huile sur le feu ailleurs», a-t-il dit, assurant que les différentes capitales arabes visitées, dont Ryad, utilisaient «leurs propres canaux pour s'assurer que cela n'arrive pas».
Le président français Emmanuel Macron a lui «mis en garde» le président iranien Raïssi «contre toute escalade» du conflit.
L'Iran, un allié du Hamas et du Hezbollah libanais, a prévenu que «nul ne peut garantir le contrôle de la situation et la perspective d'un élargissement du conflit» si Israël envahit Gaza, alors que la Ligue arabe et l'Union africaine ont averti qu'une offensive terrestre «pourrait mener à un génocide».
«Lourd tribut»
A la frontière entre Israël et le Liban, les accrochages meurtriers se multiplient entre le Hezbollah et l'armée israélienne. Dimanche, un civil israélien a été tué et plusieurs autres blessés à Shtula, dans le nord d'Israël, par un tir de missile revendiqué par le Hezbollah. Et le siège des Casques bleus de l'ONU dans le sud du Liban a été touché par une roquette.
Le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant a affirmé que son pays ne voulait pas d'une guerre à sa frontière avec le Liban, mais «si le Hezbollah choisit la voie de la guerre, il en paiera un très lourd tribut».
L'armée a dit samedi avoir tué à cette frontière «plusieurs terroristes» tentant de s'infiltrer. Le Hamas a confirmé la mort de trois combattants infiltrés.
Israël a frappé en outre samedi à l'artillerie la Syrie après des alertes aériennes dans la partie du plateau du Golan annexé par Israël en 1967.
«Catastrophe humanitaire»
A Gaza, une «catastrophe humanitaire inédite» est en cours, a affirmé l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa). «Pas une goutte d'eau, pas un grain de blé, pas un litre de carburant n'a été autorisé à entrer à Gaza ces huit derniers jours», a affirmé Philippe Lazzarini, le chef de l'Unrwa. Seule lueur d'espoir, l'eau est revenue dans le sud du territoire palestinien où s'entassent des centaines de milliers de personnes.
Israël n'a cessé depuis vendredi d'exhorter les Gazaouis à fuir vers le sud dans l'attente d'une opération à Gaza où il a juré d'en finir avec le Hamas.
Le président palestinien Mahmoud Abbas a assimilé le «déplacement» en cours à l'exode de quelque 760'000 Palestiniens à la création en 1948 de l'Etat d'Israël, l'Egypte et la Jordanie s'opposant pour leur part à toute nouvelle dispersion de Palestiniens hors de leurs terres.
Bilans en hausse
L'armée israélienne affirme cibler la ville de Gaza, dans le nord, pour y détruire le centre des opérations du mouvement palestinien, classé organisation «terroriste» par les Etats-Unis et l'Union européenne. Elle a annoncé dimanche la mort dans des frappes d'un troisième chef militaire du Hamas, responsables selon elle de l'attaque du 7 octobre.
Plus de 1400 personnes, surtout des civils dont des enfants, ont été tuées en Israël dans cette attaque, selon un dernier bilan israélien.
Les autorités du Hamas ont fait état d'au moins 2670 personnes, dont des centaines d'enfants, tuées dans les frappes de représailles israéliennes qui ont dévasté des quartiers de Gaza.
Quelque 155 personnes ont été enlevées par le Hamas, selon les derniers chiffres fournis par Israël, qui a annoncé avoir retrouvé lors d'incursions à Gaza «des cadavres» d'otages. Le Hamas a fait état de 22 otages tués dans les frappes israéliennes.
Roquettes et frappes
Mais dans le sud de la bande de Gaza aussi, où les déplacés affluent par dizaines de milliers, manquant de tout, les frappes israéliennes se poursuivent, selon des habitants. Khan Younès a ainsi été dimanche la cible de raids.
De l'autre côté de la barrière israélienne clôturant le territoire palestinien, les habitants de Sdérot sont aussi évacués par bus vers Eilat, plus au sud, ou Jérusalem, au nord, tandis que de nouveaux tirs de roquettes venant de Gaza sont interceptés.
L'exode des Gazaouis vers le sud et l'offensive terrestre attendue dans un territoire surpeuplé, placé sous un strict siège par Israël, suscitent critiques et inquiétudes au sein de la communauté internationale.
Au poste-frontière de Rafah, entre l'Egypte et Gaza, l'aide humanitaire afflue de plusieurs capitales, mais ne passe toujours pas. Ce seul passage entre Gaza et l'extérieur qui ne soit pas sous contrôle israélien reste fermé, bombardé à plusieurs reprises par la chasse israélienne.
Le 7 octobre à l'aube, en plein Shabbat, le repos juif hebdomadaire, des centaines de combattants du Hamas ont infiltré Israël par la terre et les airs depuis Gaza. Ils ont tué plus d'un millier de civils, semant la terreur sous un déluge de roquettes. Environ 270 personnes, d'après les autorités, ont été abattues ou brûlées dans leur voiture dans un festival de musique.
(ATS)