Le projet avait été abandonné en 2023, faute de financement
Beat Jans veut installer des conteneurs pour migrants aux frais des cantons

Le Parlement s'y oppose, mais le Secrétariat d'État aux migrations (SEM) fait pression pour des hébergements mobiles d'urgence pour les personnes relevant du domaine de l'asile. En coulisses, une nouvelle dispute sur le financement fait déjà rage – comme l'année passée.
Publié: 18.02.2024 à 14:37 heures
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Dernière mise à jour: 18.02.2024 à 14:53 heures
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La Confédération veut faire installer des abris mobiles d'urgence pour les demandeurs d'asile.
Photo: Keystone
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Fabian Eberhard

Le ministre de l'asile Beat Jans a du cran. Le nouvel arrivant au Parlement a décidé de s'attaquer à un projet sur lequel sa prédécesseure Elisabeth Baume-Schneider avait échoué avec fracas. Le conseiller fédéral socialiste veut faire construire des lotissements de conteneurs pour les requérants d'asile... et faire passer les cantons à la caisse.

Les plans sont encore confidentiels. Le Secrétariat d'État aux migrations (SEM) ne répond pas aux questions à ce sujet. Il ne pourra rien dire avant de disposer «d'informations sûres», répond-on. La Conférence des directrices et directeurs cantonaux des affaires sociales (CDAS) fait de même: elle ne prend pas position sur des questions internes.

Des documents internes montrent l'ampleur des besoins

Blick a pu consulter des procès-verbaux internes de l'état-major spécial Asile (SONAS), un organe de crise composé de représentants de la Confédération et des cantons. Les documents montrent que les fonctionnaires de l'asile se préparent déjà à l'augmentation du nombre de demandes en automne. Le SEM veut éviter les erreurs de l'année dernière: à la fin de l'été, il manquait des milliers de lits pour les personnes en fuite.

Selon les procès-verbaux de la SONAS, les dirigeants du Département de la justice et des finances se sont rencontrés ces dernières semaines. Les discussions ont porté sur des fonds supplémentaires pour des «installations mobiles» destinées à l'hébergement des demandeurs d'asile. Autre point mentionné: ce sont les cantons qui doivent les cofinancer.

La Confédération ne veut pas préciser ce qu'elle entend exactement par «installations mobiles». Il devrait toutefois s'agir d'une nouvelle tentative d'installation de containers. Des tentes sont également envisageables, mais ne sont guère adaptées au froid d'hiver.

Des discussions sur un autre crédit sont en cours

On ne sait pas non plus combien de places doivent être créées par des conteneurs, et combien ces derniers coûteraient. La Confédération entend demander des moyens supplémentaires par le biais d'un crédit supplémentaire au budget 2024. La porte-parole du SEM Magdalena Rast confirme ces dires: «Nous pouvons confirmer que des discussions sont menées en permanence avec les cantons concernant l'hébergement et que le Conseil fédéral décidera également du financement de possibilités d'hébergement dans le cadre du crédit supplémentaire.»

Reste à savoir qui devra payer ces hébergements. La question provoque déjà des querelles en coulisses. Dans les procès-verbaux dont Blick a eu connaissance, il est indiqué que la Confédération a demandé aux cantons de cofinancer les infrastructures d'asile. Mais comme l'année dernière, ces derniers ne voient pas pourquoi ils devraient contribuer aux coûts de ces premières structures d'accueil.

Les cantons ne veulent pas participer

Blick s'est renseigné auprès de plusieurs cantons. Aucun d'entre eux ne veut s'exprimer concrètement, pas plus que la Conférence des directrices et directeurs cantonaux des affaires sociales. Interrogée, la secrétaire générale de cette dernière, Gaby Szöllösy, déclare: «En principe, le premier hébergement des requérants d'asile est une tâche fédérale.» Selon elle, les cantons ne sont pas prêts à y participer.

L'argument de la Confédération selon lequel des places supplémentaires permettraient d'éviter une attribution prématurée aux cantons n'est valable, selon Gaby Szöllösy, que si une augmentation drastique des demandes d'asile survenait par surprise. Dans ce cas précis, qui risque de se produire à l'automne, la Confédération dispose d'un délai suffisant.

Des plans similaires à ceux de 2023

Cette discussion n'est en réalité qu'une répétition. En 2023, la ministre de l'asile de l'époque Elisabeth Baume-Schneider avait poursuivi des plans similaires, mais ceux-ci s'étaient soldés par une débâcle. C'est sans doute pour cette raison que la Confédération ne veut en aucun cas que des informations sur le projet soient divulguées à l'avance.

L'année dernière, Elisabeth Baume-Schneider avait prévu environ 3000 places supplémentaires pour le premier hébergement. Des villages de conteneurs devaient être installés sur des terrains de l'armée, pour un coût de 133 millions de francs. Le Conseil fédéral avait approuvé le crédit, à la condition que les cantons participent aux frais d'exploitation. Mais ceux-ci s'y étaient déjà opposés avec véhémence. Le Parlement avait finalement rejeté le projet: une défaite cuisante pour la ministre en charge à l'époque, qui a rejoint le département de l'Intérieur au début de l'année.

Cette année, le SEM s'attend à nouveau à près de 30'000 demandes d'asile. Selon les procès-verbaux de l'État-major spécial Asile, il manque environ 2500 lits pour le pic d'affluence attendu en automne 2024. Selon des initiés, la cheffe du SEM Christine Schraner Burgener insiste donc particulièrement sur la solution des conteneurs – et s'apprête à se lancer dans un nouveau long départ.

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