«Cette guerre doit prendre fin», a déclaré le président américain Joe Biden vendredi, en présentant un nouvel accord de cessez-le-feu à Gaza. Sans se faire trop attendre, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a répondu: «Cette guerre ne se terminera pas tant que je ne l’aurai pas dit!»
Les échanges diplomatiques entre les deux alliés commencent à se tendre. La parole des Etats-Unis n’est plus autant entendue par le gouvernement israélien. Benjamin Netanyahu semble n’en faire qu’à sa tête, et c’est un problème. Pour Joe Biden, mais aussi pour lui-même.
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Netanyahu était-il au courant du plan de Biden?
Ce nouveau plan n’a de «nouveau» que le nom. Il prévoit un échange d’otages blessés, âgés et des femmes, contre des détenus palestiniens pendant une trêve de six semaines. Un plan de base qui s’était déjà effondré lors des discussions au Caire il y a tout juste un mois, après des mois de négociations.
Joe Biden pourrait mieux s'en sortir, mais des doutes s’élèvent quant à cette initiative. Pourquoi le président américain a-t-il dévoilé seul à Washington une proposition prétendument israélienne, sans qu’il y ait eu auparavant un mot de l’Etat hébreu? Lorsque Joe Biden a prononcé son discours, il était déjà vendredi soir au Proche-Orient, le sabbat avait commencé et les bureaux du gouvernement israélien étaient donc fermés. Ce n’est que samedi que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a réagi au discours de son homologue américain.
Certes, Israël a accepté la proposition. Mais Benjamin Netanyahu veut se réserver le droit de reprendre les combats à tout moment, «jusqu’à ce que tous les objectifs soient atteints. Imaginer qu’Israël accepte un cessez-le-feu permanent avant que ces conditions ne soient remplies est un pétard mouillé», avait-il lancé. Une claque pour la diplomatie de Joe Biden – et un rappel de son influence limitée.
Israël fait pression sur Netanyahu
Mais Benjamin Netanyahu ne dépend pas – du moins politiquement – des Etats-Unis. La seule chose qui compte pour le Premier ministre israélien est que son gouvernement ne le mette pas en porte-à-faux. Rester en place est sa meilleure chance de réfuter les accusations de corruption qu’il continue de nier.
Les partenaires de la coalition religieuse de droite de Benjamin Netanyahu ont en revanche menacé de faire éclater l’alliance si Israël s’engageait dans l’accord. Celui-ci signifierait une «victoire pour le terrorisme» et une «défaite totale» d’Israël, a critiqué le ministre d'extrême droite Itamar Ben-Gvir. «Le plan mettrait fin à la guerre sans que les objectifs ne soient atteints», a publié le ministre des Finances Bezalel Smotrich sur X.
Le chef du gouvernement israélien est confronté à une pression croissante de la part de ses chefs militaires et des services de renseignement ainsi que des membres centristes de son cabinet de guerre. Ces derniers exigent un plan de reconstruction de Gaza et la libération des otages israéliens.
La guerre à Gaza au cœur des présidentielles américaines
Et si Joe Biden ne peut exercer que peu de pression politique sur Benjamin Netanyahu, la situation inverse est tout autre. Le conflit entre Israël et le Hamas est l’un des thèmes les plus importants de la campagne électorale américaine. Si important que le Premier ministre israélien a même été invité par le Congrès américain pour prononcer un discours. Benjamin Netanyahu, qui a accepté samedi l’invitation à s’exprimer devant une session commune dans les mois à venir, a le pouvoir de nuire davantage à la campagne électorale affaiblie de Biden.
Mais Benjamin Netanyahu devrait se garder de rejeter complètement les tentatives de Joe Biden. Samedi, près de 120’000 personnes sont descendues dans les rues de Tel Aviv pour manifester en faveur d’un accord. «Biden, sauvez [les otages] de Netanyahu», pouvait-on lire sur de grandes banderoles. La population israélienne est de plus en plus mécontente de son gouvernement, et la proposition du président américain pourrait y remédier.