En annonçant à la surprise générale une proposition d'accord sur les otages et de cessez-le-feu dans la guerre de Gaza, acceptée par Israël, le président américain Joe Biden a mis son allié face à ses responsabilités tout en augmentant considérablement la pression sur le Hamas.
«Une feuille de route», c'est comme ça qu'a qualifié Joe Biden la proposition d'un «cessez-le-feu durable» dans la bande de Gaza, qui garantirait la libération d'environ 128 otages toujours détenus par le Hamas. «Il est temps de mettre fin à cette guerre», a déclaré le président vendredi à la Maison Blanche. «Israël a fait sa proposition. Le Hamas lui aussi veut un cessez-le-feu. Mais en quoi consiste ce plan? Blick vous donne un aperçu.
Sur le plan de trêve
En quoi consiste ce plan?
Concrètement, le plan repose sur trois phases. Dans un premier temps, une trêve de six semaines est prévue avec le retrait des forces israéliennes des zones densément peuplées de la bande de Gaza. Dans le même temps, le Hamas devrait libérer un groupe important d'otages, dont des femmes, des personnes âgées et des blessés.
En contrepartie, des «centaines» de prisonniers palestiniens détenus dans les prisons israéliennes seraient libérés. Enfin, l'aide humanitaire à Gaza serait également augmentée dans un premier temps. Selon les déclarations de Joe Biden sur l'accord, 600 camions par jour pourraient acheminer de l'aide dans la zone de guerre.
Pendant la trêve de six semaines, Israël et le Hamas devraient ensuite négocier la deuxième phase du plan, qui devrait finalement conduire à une fin durable des combats et à la libération de tous les otages restants. Enfin, la troisième phase prévoit des étapes pour la stabilisation et la reconstruction de la bande de Gaza après la guerre. Les dépouilles des otages israéliens décédés doivent également être rendues à leurs familles.
Comment le plan est-il accueilli par les parties au conflit?
En réaction, un haut représentant du Hamas, Bassem Naim, a déclaré que les intentions de Joe Biden étaient positives, en particulier l'objectif d'un cessez-le-feu durable. «Si le Hamas rejette la proposition, le gouvernement Biden en profitera pour argumenter qu'il a tout fait pour obtenir un cessez-le-feu et que le Hamas est responsable de la poursuite de la violence», a commenté Jonathan Panikoff, du think tank américain Atlantic Council, au «Wall Street Journal» à propos du discours du président.
Entre-temps, le chef du gouvernement israélien Benjamin Netanyahu a déclaré que le plan proposé permettait à son pays de respecter le principe selon lequel la guerre ne prend fin que lorsque tous les objectifs ont été atteints. La destruction du Hamas en fait partie. Les Etats-Unis et le discours de Joe Biden n'ont pas été mentionnés dans le bref communiqué.
Pourquoi Joe Biden a-t-il rendu le plan public?
En présentant le plan de manière inattendue, Joe Biden veut augmenter la pression sur les deux belligérants pour qu'ils cessent les combats. Il a estimé qu'il était important de communiquer sur les mesures proposées, sans quoi les propositions des opposants au deal seraient présentées publiquement de manière différente. Ce plan a été élaboré au prix d'un travail minutieux, «et il est presque identique à ce que le Hamas lui-même a proposé il y a quelques semaines», a expliqué un représentant du gouvernement.
Quelles sont les chances de succès de ce plan?
Depuis des semaines, les Etats-Unis, l'Egypte et le Qatar mènent une médiation entre Israël et le Hamas afin d'obtenir la libération des otages restants et un cessez-le-feu dans le conflit. Jusqu'à présent, les discussions n'ont pas abouti. Le Hamas a déclaré jeudi dernier que la condition préalable à la libération des otages était la fin de la guerre. Mais Israël s'y oppose jusqu'à présent.
La stratégie de Joe Biden consiste à amener Israël et le Hamas à s'entendre sur un accord de cessez-le-feu qui pourrait briser la dynamique sur le champ de bataille et mettre fin à la guerre, selon Aaron David Miller, Senior Fellow à la Fondation Carnegie, cité par le «Wall Street Journal». «Que les Israéliens y croient, c'est une autre question», précise l'expert. Pour lui, Benjamin Netanyahu pense probablement qu'il pourra poursuivre la guerre après la première phase ou s'attend à ce que le Hamas rejette l'accord dès le départ.