Aux premières heures après minuit, des équipes de l’AFP ont fait état de frappes dans différents secteurs de Gaza, où, selon l’ONU, il n’y a plus «d’endroit sûr» pour les quelque 2,4 millions d’habitants.
Les frappes visaient en particulier la ville de Rafah (sud), peuplées à elle seule par 1,4 million de Palestiniens, en majorité déplacés par les bombardements et les combats. Faisant fi des mises en garde américaine et européenne qui craignent de nombreuses victimes civiles, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu veut lancer une vaste offensive terrestre à Rafah qu’il considère comme le dernier bastion du Hamas.
Chaos et anarchie
Au cours de la dernière semaine, les forces israéliennes ont appelé la population dans l’est de Rafah à quitter la ville et mené sur place des opérations «ciblées» contre le mouvement islamiste. Une vaste opération sur Rafah risquerait de créer le «chaos», «l’anarchie» et «d’énormes dégâts» pour la population civile «sans résoudre le problème du Hamas, a encore prévenu dimanche le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken.
«Il restera toujours des milliers de membres armés du Hamas», même après une opération à Rafah, d’autant que le mouvement islamiste armé est «revenu dans les zones qu’Israël a libérées dans le nord, même à Khan Younès», a ajouté Blinken dans un entretien à la chaîne NBC.
A pied, à bord de véhicules ou des triporteurs, des Palestiniens continuent de fuir des secteurs de Rafah pour tenter de trouver refuge ailleurs dans le territoire palestinien. «Nous avons vécu l’enfer pendant trois jours et les pires nuits depuis le début de la guerre», a raconté à l’AFP Mohammed Hamad, 24 ans, qui fait partie des 300’000 Palestiniens qui, selon Israël, ont fui les zones de l’est de Rafah visées par les bombardements après les ordres d’évacuation de l’armée.
La branche armée du Hamas a elle revendiqué des tirs d’obus sur des soldats et des véhicules israéliens près du passage de Rafah. «Les autorités israéliennes continuent d’émettre des ordres de déplacement forcé […] Cela oblige les habitants de Rafah à fuir n’importe où», a écrit sur X le chef de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Philippe Lazzarini. «Parler de zones sûres est faux et trompeur. Aucun endroit n’est sûr à Gaza», a-t-il dit.
Une trêve qui ne vient pas
En attaquant Rafah, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu veut «faire capoter» les pourparlers sur une trêve et une libération d’otages retenus à Gaza, a accusé dimanche le Hamas. Le mouvement islamiste avait affirmé avoir accepté une proposition des médiateurs - Egypte, Qatar, Etats-Unis - sur une trêve, mais Israël avait répondu que la proposition acceptée était «loin de (ses) exigences».
Le patron de l’ONU Antonio Guterres a appelé de nouveau à un cessez-le-feu et à la libération des otages, lors d’une conférence à Koweït où des donateurs se sont engagés à verser plus de 2 milliards de dollars sur deux ans pour les opérations humanitaires à Gaza.
L’Egypte, hostile à une opération à Rafah, a elle dit vouloir s’associer à l’Afrique du Sud dans sa demande à la Cour internationale de la justice d’imposer de nouvelles mesures d’urgence à Israël, compte tenu de «l’étendue des attaques israéliennes contre les civils palestiniens» en riposte au 7 octobre.
Ce jour-là, des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza dans le sud d’Israël avaient lancé une attaque qui a fait plus de 1170 morts, majoritairement des civils, selon un bilan de l’AFP établi à partir de données officielles. Plus de 250 personnes ont été enlevées durant l’attaque et 128 restent captives à Gaza, dont 36 seraient mortes, selon l’armée.
Dès après cette attaque, Israël a lancé une vaste opération à Gaza qui a provoqué une catastrophe humanitaire et un lourd bilan humain: 35’034 morts, en majorité des civils selon le ministère de la Santé du Hamas. L’armée israélienne a déploré la perte de 272 de ses soldats dans la campagne militaire à Gaza.
Commémorations en Israël
Après avoir retenti une première fois dimanche soir, les sirènes doivent à nouveau résonner lundi à 11h00 locales (10h00 en Suisse), pour marquer le début des commémorations annuelles pour les soldats tombés pour la défense du pays et les victimes d’attentats, à la veille de son 76e anniversaire assombri par la guerre à Gaza.
Elles seront suivies d’une série de cérémonies dans les cimetières militaires d’Israël. Le recueillement cédera la place dans la soirée de lundi à mardi aux célébrations marquant le jour de l’Indépendance, anniversaire de la proclamation de l’Etat d’Israël le 14 mai 1948. Une partie des festivités a été annulée cette année en raison de la guerre.
«Ce soir, nous n’avons ni paix ni silence» dans nos coeurs, a déclaré le président Isaac Herzog lors d’une cérémonie au mur des Lamentations, à Jérusalem. A ses côtés, le chef de l’armée, Herzi Halevi, a déclaré porter «la responsabilité de l’échec de notre mission de protection des citoyens de l’Etat d’Israël le 7 octobre.
Le 15 mai, les Palestiniens doivent commémorer de leur coté la Nakba, la «Catastrophe» qu’a été pour eux la création d’Israël.
(ATS)