Le mur est tombé
L'Allemagne va-t-elle bientôt céder à l'influence de l'extrême droite?

Le cordon sanitaire allemand, ce rempart invisible qui devait tenir les principaux partis politiques à l'écart de formations comme l'AfD, s'est rompu. Mais à quoi correspond exactement cette pratique politique?
Publié: 09:15 heures
Le candidat Friedrich Merz a été plusieurs fois moqué dans les rues de Berlin pour son rapprochement avec l'AfD.
Photo: Samuel Schumacher
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Samuel Schumacher

Tout comme le mur de Berlin, le rempart qui séparait les principaux partis allemands de ceux dits antidémocratique est finalement tombé. La semaine dernière, une proposition de la CDU au sujet de l'immigration, a été adoptée au Bundestag grâce, notamment, aux voix de l'AfD. Un résultat qui n'a pas semblé déplaire au e candidat à la chancellerie CDU Friedrich Merz. 

«Scandale!» ont crié dimanche passé quelque 80'000 manifestants, rien qu'à Berlin. Ces citoyens n'en reviennent pas que Merz semble tout à fait disposé à forger des majorités politiques avec le parti d'extrême droite, du moment que cela sert ses intérêts.

Réécrire l'histoire allemande

Du point de vue suisse, le débat sur ce cordon sanitaire à de quoi faire lever quelques sourcils. Chez nous, tous les grands partis politiques font partie intégrante de notre gouvernement de concordance car ils ont le devoir de respecter scrupuleusement les lois démocratiques en place ainsi qu'une certain esprit de collégialité. Il n'y a par exemple qu'à voir comment les gouvernements des cantons et de la Confédération, issus de milieux politiques parfois très opposés, parviennent à se mettre autour de la table pour prendre des décisions communes.

Mais l'Allemagne, de par son passé politique, a mis en place des mesures de protection contre des formations qui, comme l'AfD, flirt ouvertement avec une pensée nazie ou fasciste. Le slogan choisie par la candidate à la chancellerie Alice Weidel, «Alice pour l'Allemagne», s'appuie par exemple sur le vieux slogan nazi «Tout pour l'Allemagne».

De plus, le parti exige, outre des réformes de grande envergure en matière d'asile et d'énergie, une réinterprétation de l'histoire allemande, surtout en ce qui concerne la période où le Troisième Reich a pris le pouvoir. Lors du débat télévisé entre Olaf Scholz (SPD, principal parti de gauche) et Friedrich Merz (CDU, centre-droite) dimanche soir, le thème du cordon sanitaire a pris, selon le journal «Zeit», 7 minutes et 52 secondes de temps de parole. Il n'y a que sur la politique d'asile (12 minutes et 46 secondes) que les deux hommes ont débattu davantage.

Plus de 20 manifestations en une seule journée

A Berlin, Merz est particulièrement caricaturé sur ses affiches de campagnes, omniprésentes dans les rues de la capitale. «Merz Attacks!», prévient le groupe de gauche «Die Partei» en référence au film des années 90 «Mars Attacks!». Mais la campagne électorale ne se limite pas aux pancartes.

Rien que ce lundi, 22 manifestations autorisées ont eu lieu à Berlin. C'est exceptionnel, même pour Berlin, ville politiquement très engagée. Le duel télévisé de dimanche soir sur ARD/ZDF a été suivi par 12,3 millions de téléspectateurs, soit nettement plus qu'il y a quatre ans.

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