Le Kremlin doit faire face aux pénuries de troupes
L'incursion ukrainienne en Russie révèle les faiblesses de Poutine

Après l'invasion de la Russie par l'Ukraine, Moscou commence à manquer de troupes. Poutine tente d'éviter le risque d'une conscription en payant davantage de recrues, mais l'argent se fait rare. L'avancée militaire de Kiev révèle les faiblesses de Poutine.
Publié: 17.08.2024 à 15:05 heures
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Lors d'une rencontre vendredi dans la résidence d'Etat à l'extérieur de Moscou, le président russe Vladimir Poutine semble perdu dans ses pensées.
Photo: AFP
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Daniel Kestenholz

Les forces ukrainiennes consolident leurs positions dans la région russe conquise autour de Koursk. Une attaque de missiles Himar a désormais détruit un pont important dans la région, par lequel les troupes russes étaient approvisionnées – des troupes composées principalement de recrues, comme le signalent également les blogueurs militaires russes.

Les forces armées de Moscou continuent de concentrer leurs actions sur le front dans l'est de l'Ukraine. Les avancées ukrainiennes sur son propre territoire sont précédées par des coups de gueule de Moscou doublés d'avertissements selon lesquels Kiev prépare une guerre nucléaire.

Poussé à bout, le régime de Moscou intensifie sa propagande. Plusieurs médias d'Etat russes ont affirmé vendredi que les forces armées ukrainiennes préparaient soi-disant une attaque nucléaire avec ce que l'on appelle des «bombes sales». Le ministère ukrainien des Affaires étrangères a rejeté ces affirmations, les qualifiant de «mensonges dangereux».

Manque de troupes russes

Pour la première fois depuis l'invasion de fin février 2022, le président russe Vladimir Poutine se retrouve dos au mur. L'avancée de l'Ukraine révèle les faiblesses de la défense russe. Koursk n'est pas seulement la première incursion de troupes étrangères sur le territoire russe depuis la Seconde Guerre mondiale, Poutine semble également manquer de soldats, selon un rapport.

Il paraît que l'argent manque pour payer les salaires plus élevés que Moscou promet aux nouveaux soldats. Afin d'éviter une mobilisation, le Kremlin a ordonné aux gouverneurs de province que les nouveaux soldats recrutés reçoivent jusqu'à la fin de l'année un bonus plus élevé avec leur solde. Le bonus a plus que doublé, passant de 195'000 à 400'000 roubles.

Des sommes importantes

Un bonus d'une valeur équivalente à près de 3900 francs, c'est une somme rondelette dans la Russie rurale. Là-bas, le revenu mensuel moyen russe est d'environ 840 francs. Mais en tant que volontaire de guerre, il est possible de gagner encore beaucoup plus d'argent en Russie.

Moscou promet aux volontaires un bonus de 1,9 million de roubles, soit près de 18'400 francs. Comme le maire de Moscou Sergueï Sobianine l'a lui-même déclaré, il veut trouver 23'000 volontaires d'ici la fin de l'année. La Russie aurait besoin de 30'000 nouveaux soldats chaque mois pour compenser les pertes sur le front et faire tourner les troupes en Ukraine.

Les capitaines peuvent ainsi gagner jusqu'à 5,2 millions de roubles, soit plus de 50'000 francs, au cours de leur première année de service. C'est environ trois fois le salaire annuel moyen de Moscou. Dans d'autres régions de Russie, on promet également de petites fortunes aux candidats à la guerre.

La conscription menace-t-elle?

Comme le rapporte l'agence de presse Bloomberg en se référant à une source au Kremlin, plusieurs régions de la Fédération de Russie ne peuvent pas réunir ces sommes importantes. Selon ce document, des gouverneurs demandent au Kremlin plus d'argent et de nouvelles subventions du budget fédéral.

Poutine avait signé fin juillet le décret visant à doubler les paiements pour les opérations de guerre. Comme l'avait déjà annoncé la BBC, seules deux des trois régions de la Fédération de Russie sont en mesure d'effectuer ces paiements nettement plus élevés.

Selon l'économiste russe Alex Isakov, cité par Bloomberg, Poutine a besoin d'un demi-million de nouveaux soldats au cours des douze prochains mois. Celui-ci suppose que la coûteuse stratégie de recrutement de la Russie sera bientôt à court d'argent. «Le gouvernement va probablement déplacer son attention vers les conscrits», suppose l'économiste. Autrement dit, la mobilisation.

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