Le fils de Martin Luther King
«Les États-Unis malmènent la démocratie dans leur propre pays»

Martin Luther King III critique la contrainte exercée sur les électeurs et les électrices aux États-Unis. Maintenant, lui et sa femme veulent faire descendre des centaines de milliers de personnes dans les rues pour s'y opposer.
Publié: 28.08.2021 à 19:30 heures
|
Dernière mise à jour: 28.08.2021 à 20:29 heures
1/10
La «Marche pour les droits de vote» a eu lieu samedi à Washington, DC.
Photo: keystone-sda.ch
Fabienne Kinzelmann, Alexandre Cudré (adaptation)

Samedi, Martin Luther King III, le fils aîné de l’icône des droits civiques Martin Luther King Jr, et son épouse Arndrea Waters King, mèneront le cortège de la «Marche pour les droits de vote» (March On For Voting Rights) dans la capitale américaine Washington. Des manifestations mobilisant des centaines de milliers de personnes ont également eu lieu dans le reste du pays.

«Nous répandons la démocratie dans le monde entier et pourtant, nous la malmenons à la maison», déclare Martin Luther King III à Blick. «Les lieux pour déposer son bulletin de vote sont rendus plus difficile d’accès les uns après les autres.» Les zones en question? Les États comptant des majorités afro-américaines importantes. «C’est là où les files d’attente sont les plus longues. Ce n’est pas tout. En Géorgie, il est même illégal d’y distribuer de l’eau pour les personnes qui attendent en plein soleil pour aller voter.»

Des restrictions en augmentation

Depuis le 1er janvier, 18 États américains ont adopté une trentaine de lois entravant l’accès aux urnes. Selon le Brennan Center for Justice, ces lois rendent le vote par correspondance et le vote anticipé plus difficiles, imposent des exigences plus strictes en matière de preuve d’identité, empêchent la mise en place de bureaux de vote de grande taille. De fait, elles augmentent la probabilité de priver certains électeurs de leur droit de vote.

Voici les États américains qui ont rendu le droit de vote plus restrictif via des mesures diverses, depuis le 1er janvier 2021.
Photo: DR

Et il pourrait y en avoir d’autres. Au total, plus de 400 projets de loi du même genre ont déjà été présentés dans 49 États cette année. Elles impactent particulièrement les Afro-Américains et d’autres minorités.

Le fils de King veut une nouvelle loi

«C’est la loi la plus malmenée par cette cour dans la dernière décennie», a d’ailleurs déclaré Elena Kagan, juge de la Cour suprême démocrate élue en 2010, à propos du Voting Rights Act.

Cette loi de 1965 représentait pour le combat d’une vie pour Martin Luther King Jr., avait établi un consensus dans la société américaine et réduit les inégalités raciales. Toute une série d’arrêts récents de la Cour suprême ont en effet amenuisé les effets de cette loi.

«Le racisme est encore très réel, et nous devons trouver des moyens d’éradiquer le triple mal dont parlait mon père: la pauvreté, le racisme et la violence», déclare Martin Luther King III, qui appelle à des lois fédérales fortes sur le vote pour contrôler les restrictions dans les différents États. Deux projets de ce genre sont actuellement bloqués au Sénat par le camp républicain.

Des droits civiques à l’égalité réelle

Depuis l’assassinat de son père, il y a 53 ans, Martin Luther King III a répliqué plusieurs fois la «Marche sur Washington» de son célèbre père pour attirer l’attention sur les inégalités dans la société américaine. La «March On For Voting Rights» se déroule exactement 58 ans la prononciation du célèbre discours de Martin Luther King Jr., «I have a dream».

«Le meurtre de George Floyd l’année dernière fait bouger quelque chose aux États-Unis et dans le monde entier», confie Arndrea Waters King à Blick. «Cela a exposé l’injustice à bien des égards et nous sommes au milieu d’un mouvement vers une véritable égalité. Le père de Martin l’avait prédit. La première phase du mouvement concernait les droits civils. Un an avant d’être assassiné, il parlait de la phase suivante, celle du mouvement vers l’égalité réelle. C’est ce dont il s’agit depuis l’assassinat de Floyd.»

Découvrez nos contenus sponsorisés
Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la