Le chef de l'UNWRA se défend se bat contre les critiques d'Israël
«Nous sommes l'organisation de l'ONU qui a le plus investi dans la neutralité»

Les accusations portées contre l'Office d'aide humanitaire des Nations unies pour les réfugiés palestiniens pèsent lourd. Dans une interview, le commissaire général Philippe Lazzarini explique comment il veut rétablir la confiance et pourquoi il ne démissionne pas.
Publié: 15.02.2024 à 19:06 heures
1/5
Le chef de l'UNWRA, Philippe Lazzarini, se défend des accusations portées contre l'agence humanitaire de l'ONU.
Photo: keystone-sda.ch
Daniel Ballmer

L'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA) est menacé depuis l'attaque du Hamas contre Israël. On lui reproche une grande proximité avec l'organisation jugée terroriste par plusieurs pays. Des collaborateurs de l'UNRWA auraient ainsi participé à l'attaque. En outre, Israël affirme avoir découvert un centre de données du Hamas dans un bunker situé directement sous le quartier général de l'UNRWA à Gaza.

Depuis, les sanctions pleuvent. De nombreux pays donateurs ont suspendu leur soutien financier jusqu'à nouvel ordre. En Suisse aussi, l'ambassadeur Philippe Lazzarini a été mis sous pression. Le Genevois veut toutefois rester à la tête de l'œuvre d'entraide en tant que commissaire général et souligne l'importance de l'institution dans une interview accordée à la «NZZ».

Crise existentielle

«Nous nous trouvons aujourd'hui dans une crise existentielle, affirme Philippe Lazzarini à la NZZ, tout en précisant qu'il n'a pas l'intention de quitter son poste. Je ne pense pas qu'il serait raisonnable de quitter le navire à un tel moment.» Il ne s'agit pas seulement de son propre poste, mais de la dissolution de l'agence. «Ma démission n'y changerait rien, car l'objectif resterait le même.»

Philippe Lazzarini est, malgré tout, plein d'espoir quant au déblocage des fonds de certains États. «Beaucoup des pays avec lesquels je suis en contact sont prêts à revenir, car ils sont conscients de la catastrophe si l'UNRWA ne pouvait plus remplir son mandat.» Elle est la seule organisation à fournir des services de type gouvernemental à l'une des populations les plus pauvres du monde et en proie à des bombardements massifs. La Cour internationale de Justice avait d'ailleurs décrit les événements comme se rapprochant d'un génocide. Il n'y a actuellement aucune alternative à l'UNRWA, souligne-t-il.

«Nous avons une direction qui comprend les critiques»

Philippe Lazzarini continue de croire au soutien de l'ONU. «Nous avons une direction qui comprend la critique», assure-t-il. Ni l'Assemblée générale de l'ONU ni le secrétaire général António Guterres n'ont jusqu'à présent exigé sa démission, souligne le Genevois à la télévision suisse italophone RSI. L'UNRWA a beaucoup investi pour remédier au contexte actuel extraordinairement complexe, a-t-il ajouté. «Nous avons introduit une tolérance zéro pour tout écart par rapport aux normes de l'ONU. Nous nous y sommes engagés.»

Philippe Lazzarini souligne donc une fois de plus qu'il n'a eu jusqu'à présent aucun signe qu'un bunker du Hamas se trouverait sous le siège de l'UNWRA. Le quartier général avait déjà été évacué peu après l'attaque de la mi-octobre. «Au cours des quatre derniers mois, nous n'étions plus présents dans le nord de la bande de Gaza, précise-t-il. Par le passé, à chaque inspection de nos installations où un tunnel était découvert, nous protestions auprès du Hamas et informions l'armée israélienne.» Après la guerre, une enquête sera toutefois nécessaire pour établir entièrement la vérité, a-t-il ajouté.

«Il est faux de dire que l'UNRWA n'a rien fait»

Parallèlement, Philippe Lazzarini souligne que les douze collaborateurs qui auraient participé à l'attaque du Hamas ont été immédiatement licenciés. Les accusations d'Israël étaient si «graves et choquantes» qu'elles «nécessitaient une action rapide et immédiate». De nombreuses critiques ont dû être essuyées. «Mais dans une situation où la réputation et la capacité à remplir notre mandat sont en jeu, je peux prendre cette décision en tant que commissaire général», lance le Genevois.

Jusqu'à présent, des enquêtes avaient toujours été menées lorsque des reproches étaient formulés. «Il n'est pas vrai que l'UNRWA n'a rien fait», affirme Philippe Lazzarini. «Nous sommes certainement l'organisation de l'ONU qui a le plus investi dans les questions de neutralité.» L'ONU a d'ailleurs commandé une enquête indépendante.

Découvrez nos contenus sponsorisés
Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la