La plus haute juridiction de l'ONU a appelé vendredi Israël à faire tout son possible pour empêcher tout acte de «génocide» dans la bande de Gaza et à laisser entrer l'aide humanitaire, en rendant une décision très attendue. La cour a appelé Israël à s'abstenir de tout éventuel acte génocidaire alors qu'il poursuit son opération militaire dans la bande de Gaza, mais n'a pas évoqué de cessez-le-feu.
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Israël doit prendre «des mesures immédiates et efficaces pour permettre la fourniture des services de base et de l'aide humanitaire dont les Palestiniens ont un besoin urgent pour faire face aux conditions de vie défavorables auxquelles sont confrontés les Palestiniens», a statué la cour.
À ce stade, la CIJ ne se prononce pas sur la question de savoir si Israël commet un génocide à Gaza. Ce volet de la procédure peut prendre des années. Mais la cour a appelé Israël à "prendre toutes les mesures en son pouvoir pour empêcher" les actes qui pourraient relever de la Convention des Nations Unies sur le génocide, établie en 1948 après l'Holocauste.
L'Afrique du Sud salue une décision historique
Elle a également déclaré qu'Israël devrait «prévenir et punir» toute incitation au génocide. La procédure a été intentée par l'Afrique du Sud, qui affirme qu'Israël viole la Convention des Nations unies sur le génocide de 1948, établie au lendemain de la Seconde guerre mondiale et de l'Holocauste. La guerre a été déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre, qui a entraîné le massacre de plus de 1.140 personnes, très majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP à partir de données officielles.
Israël a juré «d'anéantir» le Hamas et a lancé une vaste opération militaire qui a tué, selon le ministère de la Santé du mouvement islamiste, 26'083 Palestiniens, en grande majorité des femmes, des enfants et des adolescents.
En Afrique du Sud, à l'initiative de la procédure, la direction du parti historique au pouvoir, l'ANC, réunie en congrès près de Johannesburg, s'est félicitée vendredi de l'issue de l'audience à la Cour internationale de justice (CIJ), se tombant dans les bras, ont montré les télévisions en direct.
Le président Cyril Ramaphosa, la mine grave et un keffieh autour du cou, a pris des notes en écoutant toute l'audience. A la fin, il s'est levé, souriant, et a pris dans ses bras plusieurs ténors du gouvernement. Les responsables de l'ANC se sont ensuite mis à danser, chantant un hymne de la lutte contre l'apartheid.
Netanyahu: «Nous continuerons à nous défendre»
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a publié une déclaration vidéo sur X après le jugement intermédiaire de la Cour internationale de justice (CIJ). Il y déclare: «Comme tout pays, Israël a un droit inné à se défendre. L'odieuse tentative de priver Israël de ce droit fondamental constitue une discrimination manifeste à l'encontre de l'État juif et a été rejetée à juste titre.»
Il rejette une nouvelle fois les accusations de l'Afrique du Sud de commettre un génocide contre les Palestiniens: «L'accusation de génocide portée contre Israël n'est pas seulement fausse, elle est révoltante, et les personnes décentes de partout devraient la rejeter.» Selon le Premier ministre, le fait qu'Israël ait tué plus de 25'000 civils n'est pas de sa faute, mais de celle du Hamas. Celui-ci les utiliserait comme «boucliers humains».
Même après l'ordre de la CIJ, aucune fin aux agressions n'est en vue. Netanyahu souligne: «Nous continuerons à faire tout ce qui est nécessaire pour défendre notre pays et notre peuple.»
(AFP)