Le chaos politique
Le président Yoon Suk Yeol a autorisé l'armée à ouvrir le feu au Parlement

Le président sud-coréen Yoon Suk Yeol avait autorisé l'armée à ouvrir le feu pour entrer au Parlement début décembre lors de sa tentative d'imposer la loi martiale, indique un rapport du parquet consulté samedi par l'AFP. L'homme a entre-temps été destitué.
Publié: 28.12.2024 à 09:12 heures
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Dernière mise à jour: 28.12.2024 à 09:18 heures
Le président sud-coréen Yoon Suk Yeol a été destitué le 14 décembre suite à sa tentative avortée de proclamer la loi martiale au début du mois (Archives).
Photo: Ahn Young-joon
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ATS Agence télégraphique suisse

Le président sud-coréen Yoon Suk Yeol avait autorisé l'armée à tirer au Parlement, lors de sa tentative d'imposer la loi martiale. «N'êtes vous pas encore entrés? Que faites-vous? Cassez la porte et sortez-les, même si ça veut dire qu'il faut tirer», a-t-il déclaré le 3 décembre lors d'un appel téléphonique avec le commandant militaire de Séoul, Lee Jin-woo, qui se trouvait près du Parlement, selon le rapport d'inculpation.

Celui-ci a diffusé aux médias le rapport d'inculpation de l'ancien ministre de la Défense, Kim Yong-hyun, considéré comme la personne ayant poussé le président Yoon à imposer la loi martiale. Elle a été proclamée le 3 décembre à la surprise générale, tandis que le président envoyait l'armée au Parlement afin de le museler, plongeant le pays dans le chaos.

Après la proclamation de la loi martiale, des soldats lourdement armés ont pris d'assaut le Parlement, escaladant des barrières, brisant des fenêtres et pour certains, atterrissant en hélicoptère.

Selon le rapport de 10 pages, le président a également ordonné au chef du contre-espionnage militaire, le général Kwak Jong-keun, d'«entrer rapidement à l'intérieur» du Parlement. «Faites sortir les gens à l'intérieur de l'assemblée, détruisez les portes avec une hache si nécessaire», a-t-il déclaré, d'après le parquet, qui ajoute que le président aurait discuté de la loi martiale dès mars avec de hauts responsables militaires. Alors que les députés s'étaient dépêchés de rejeter la loi martiale à l'aube du 4 décembre, le président Yoon avait affirmé à Lee Jin-woo qu'il la déclarerait «une deuxième et une troisième fois».

L'avocat du président déchu a réfuté cette accusation.

L'économie de Corée du Sud secouée par le chaos politique

La Corée du Sud vit un chaos politique qui fait plonger sa monnaie, mine la confiance de ses entreprises et menace d'affaiblir durablement son économie, la quatrième d'Asie. Le won, qui a chuté vendredi à son plus bas niveau depuis 2009 face au dollar, est en dégringolade quasi constante depuis le coup de force du président Yoon Suk Yeol début décembre.

Et selon des chiffres publiés le même jour par la Banque de Corée, la confiance des entreprises et celle des consommateurs ont connu en décembre leurs plus forts reculs depuis le début de la pandémie de Covid-19. Le tout alors que le retour prochain de Donald Trump à la Maison Blanche et ses promesses de lancer des guerres commerciales à tout-va inquiètent à Séoul.

Dominé par l'opposition, le Parlement a destitué Yoon Suk Yeol le 14 décembre, puis le président par intérim Han Duck-soo vendredi, laissant les rênes du pays au numéro deux du gouvernement et ministre des Finances Choi Sang-mok. Lequel a aussitôt promis de «surmonter cette période de turbulences».

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