Le CEO de Moderna inquiet
Face à omicron, les vaccins seront «probablement beaucoup moins efficaces»

Omicron cause de sérieux soucis au patron de Moderna, Stéphan Bancel. Son vaccin ne pourra probablement pas faire face à ce mutant. L'adaptation du vaccin prendra des mois. Il propose comme alternative un booster plus puissant. Les bourses réagissent par des baisses.
Publié: 30.11.2021 à 13:12 heures
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Dernière mise à jour: 30.11.2021 à 13:26 heures
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Le patron de Moderna, Stéphan Bancel, est pessimiste face à la variante d'Omikron. (photo d'archives)
Photo: STEFAN BOHRER
Blick avec l'ATS

Le variant Omicron sera-t-il résistant aux vaccins Covid existants? C'est ce que pense le patron de Moderna, Stéphane Bancel. Dans une interview accordée au «Financial Times», il pense «qu'il y aura une baisse considérable (de l'efficacité, ndlr.). Je ne sais pas de combien, car nous devons attendre les données. Mais tous les scientifiques avec lesquels j'ai parlé disent que ce n'est pas bon du tout.»

Stéphane Bancel parle ici surtout de la protection contre la transmission, déjà battue en brèche par le variant Delta. Il est donc possible que les vaccins actuels protègent moins bien contre les contaminations, mais qu'ils conservent leur efficacité contre une évolution grave de la maladie.

En début de semaine, des responsables du fabricant de vaccins Pfizer s'étaient montrés nettement plus optimistes et avaient déclaré que les vaccins existants protégeraient probablement aussi contre Omicron. Le président américain Joe Biden a également déclaré que Omicron était «une source d'inquiétude, mais pas de panique.»

Adaptation du vaccin seulement l'année prochaine

Stéphane Bancel vient tempérer l'optimisme, soulignant que le variant Omicron présente notamment des mutations au niveau de la protéine Spike, celle-là même que les vaccins visent. Les experts ne s'attendaient pas à ce qu'un variant aussi fortement muté apparaisse aussi rapidement, continue le chef d'entreprise. Selon lui, on s'y attendait dans un ou deux ans.

Et le patron de Moderna d'annoncer que la génération actuelle des vaccins Covid devra probablement être adaptée l'année prochaine. Moderna s'y serait déjà attelée, mais Stéphane Bancel tempère les attentes: «Moderna et Pfizer ne pourront pas mettre à disposition un milliard de doses modifiées immédiatement. La question est: pourrons-nous produire plusieurs milliards de doses d'ici l'été prochain? La réponse est oui». Moderna mettrait donc à disposition en 2022 jusqu'à trois milliards de doses de vaccins spécifiques au variant Omicron. Il semble toutefois prématuré d'orienter dès maintenant l'ensemble des capacités de production vers Omicron, alors que d'autres variants circulent toujours. Jusqu'à ce qu'un vaccin Omicron adapté soit disponible, Stéphane Bancel propose donc d'administrer un booster plus puissant aux personnes âgées.

Les bourses en chute libre

Sur les marchés boursiers, les déclarations de Stéphane Bancel provoquent mardi une certaine incertitude dans le monde entier. Peu après l'ouverture, l'indice directeur suisse SMI a chuté d'environ un pour cent. Il en va de même pour l'indice boursier allemand Dax. La plupart des autres bourses européennes et asiatiques sont en baisse. L'action Moderna a, elle beaucoup baissé. «Ce n'est pas une bonne nouvelle», déclare l'analyste Joseph Capruso de la Commonwealth Bank.

Stéphane Bancel s'est également défendu contre les accusations selon lesquelles Moderna serait en partie responsable de l'apparition de nouveaux variants du virus. La lenteur de la campagne de vaccination en Afrique du Sud et dans d'autres pays en développement alimente en effet l'émergence de nouveaux variants, et d'aucuns estiment que les pays occidentaux sont à blâmer: ils achètent des doses à prix d'or, tandis que les groupes pharmaceutiques occidentaux refusent de lever les brevets, ce qui permettrait la production accélérée de génériques.

Rien de tout cela ne serait la faute des fabricants de vaccins, estime le patron de Moderna. Il accuse les pays industrialisés: «Aux Etats-Unis, nous n'avions pas le choix, nous avons dû céder 60 pour cent de nos doses au gouvernement américain. Ce n'était pas une décision de Moderna, mais des autorités américaines»

Le variant Omicron a d'abord été détectée en Afrique du Sud. Il s'est entre-temps propagé dans plus d'une douzaine de pays. Un cas suspect a également été signalé en Suisse. Les scientifiques craignent que le variant ne soit plus facilement transmissible que le delta. En conséquence, de nombreux Etats ont décrété des interdictions d'entrée en Afrique du Sud et dans d'autres pays. Voici la liste de quarantaine de l'OFSP.

(Adaptation par Jocelyn Daloz)

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