À Buckingham Palace, des meubles anciens sont actuellement en cours de rénovation, l'un ou l'autre tableau d'un vieux maître est peut-être en train d'être épousseté une dernière fois – tout doit être parfait pour le grand jour, le couronnement du roi Charles III, ce samedi 6 mai.
À quelques kilomètres de là, dans le quartier chic de Marleybone à Londres, se trouve l'ambassade de Suisse. Dans le hall d'entrée, ce ne sont pas les effigies des anciens monarques qui trônent, mais une peinture surdimensionnée de l'artiste suisse Le Corbusier (1887-1965). Juste devant l'œuvre d'art, des canapés ocre du même maître promettent un confort suisse. Une coupe bien remplie de boules Lindor laisse deviner la douceur du pays à tous ceux qui vont et viennent ici.
Un étage plus haut, Markus Leitner nous accueille. L'homme de 56 ans est rayonnant et se souvient du Sechseläuten zurichois auquel il a participé il y a deux semaines. Pour Blick, le Zurichois évoque sa relation avec le nouveau roi Charles III, son opinion sur la Suisse et comment il va passer le week-end avec le président de la Confédération, Alain Berset.
Monsieur l'ambassadeur, la plupart des gens s'imaginent que le quotidien d'un diplomate à Londres, capitale d'une monarchie, avec le palais de Buckingham derrière lui, est glamour. Vous confirmez?
Chaque jour est pour le moins différent. La plupart du temps, j'ai des réunions le matin, puis je rencontre des interlocuteurs dans les différents ministères. Nous avons en outre beaucoup de visites. Il se peut aussi que j'aille chercher quelqu'un à l'aéroport. Ce sera le cas ce vendredi avec le président de la Confédération. Nous discutons alors du programme et nous accompagnons les invités. Le soir, il y a généralement un événement, comme une fête nationale par exemple. Les journées à Londres sont longues, mais toujours passionnantes.
Vous parlez d'autres fêtes nationales, il y a donc de nombreux échanges avec les autres ambassades?
Oui, c'est la tradition. Mais il y a encore tellement d'autres obligations que je ne peux pas toutes les remplir.
En plus des obligations diplomatiques, cela fait aussi partie du job d'être présent pour les Suisses de Grande-Bretagne...
Tout à fait. 40'000 Suisses vivent ici. Nous avons des contacts avec les plus jeunes comme les plus âgés. Parfois, la prise de contact se fait dès l'enregistrement des naissances. Pour moi, le lien avec les étudiants suisses est très important. Lorsque certains de nos compatriotes atteignent l'âge de 80, 90 ou 100 ans, je les félicite pour leur anniversaire. Après cet entretien, je me manifesterai par exemple par Zoom pour l'anniversaire d'une femme qui fête ses 100 ans et qui vit en Écosse.
Entre les banquets, l'accueil du président de la Confédération et les anniversaires, avez-vous encore du temps libre?
Londres a tellement de choses à offrir: comédies musicales, musées, théâtres... Il faut bien leur laisser un peu de place! Moi qui vis et travaille dans le même immeuble, j'aime faire du sport aussi. Un peu de course et du VTT. Même si les reliefs n'ont rien à voir avec la Suisse (rires).
La plupart des touristes suisses ne viennent effectivement pas à Londres pour les montagnes... L'une des plus grandes attractions pour les visiteurs suisses et étrangers a lieu ce week-end: le couronnement du roi Charles III. Le nouveau monarque change-t-il quelque chose à votre travail d'ambassadeur?
Pour nous, il est absolument essentiel que le roi Charles ait une bonne relation avec la Suisse. Il a beaucoup de sympathie et de connaissances sur le pays. C'est un capital qui profitera à nos relations bilatérales.
Comment cette connaissance de la Suisse se manifeste-t-elle... en dehors du ski?
Mais le ski n'est peut-être pas si insignifiant que cela. Les princes Harry et William ont fait beaucoup de sports d'hiver en Suisse. Pour le reste, sa connaissance se manifeste surtout dans les petits gestes, dans l'affection qu'il montre envers notre pays dans la conversation.
Il aura peut-être l'occasion de converser ce samedi avec le président de la Confédération. Comment suivrez-vous cette journée?
Ma tâche consistera notamment à m'assurer que le président de la Confédération se trouve au bon endroit et au bon moment dans l'abbaye de Westminster. L'endroit où je serai ensuite n'est pas encore déterminé, probablement quelque part à proximité.