La Russie promet des contre-mesures
Après de longues tractations, la Suède rejoint officiellement l'OTAN

Après 200 ans de neutralité, la Suède deviendra ce jeudi le 32e membre de l'OTAN. Sa campagne d'adhésion a été marquée par des réticences de la Hongrie et de la Turquie
Publié: 07.03.2024 à 11:25 heures
Le Premier ministre suédois Ulf Kristersson, à gauche, s'exprime lors d'une conférence de presse avec le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, au siège du gouvernement suédois à Rosenbad, à Stockholm, le 24 octobre 2023.
Photo: keystone-sda.ch

Après deux siècles de neutralité puis de non-alignement militaire et deux années de tractations, la Suède devient officiellement jeudi le 32e membre de l'OTAN, une étape majeure pour un pays qui se gardait jusque-là de provoquer l'ire de Moscou.

Le Premier ministre suédois Ulf Kristersson est en déplacement à Washington, où le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken doit recevoir officiellement les documents de ratification. Cette dernière avait été obtenue de haute lutte après de longues négociations avec certains membres de l'Alliance. Et le drapeau bleu et jaune suédois doit être hissé lundi devant le siège bruxellois de l'OTAN. La Russie a promis la semaine dernière de prendre des «contre-mesures» en réaction à l'adhésion de Stockholm, qui dépendront «des conditions et de l'ampleur de l'intégration de la Suède à l'OTAN».

L'adhésion de la Suède, après celle de la Finlande l'an dernier, signifie que tous les pays bordant la mer Baltique, à l'exception de la Russie, sont désormais membres de l'Alliance atlantique. La Suède et la Finlande, bien que proches militairement des Etats-Unis de par leur appartenance à l'Union européenne, ont historiquement préféré se tenir à l'écart de l'alliance, formée lors de la Guerre froide face à l'Union soviétique. Si la Suède contribue aux forces internationales de maintien de la paix, elle n'a plus connu de guerre depuis un conflit avec la Norvège en 1814.

Les Suédois estiment avoir fait trop de sacrifices

Helsinki et Stockholm avaient annoncé en même temps leur candidature pour rejoindre l'OTAN en 2022, en réaction à l'invasion de l'Ukraine par la Russie. La Finlande avait obtenu son accession à l'Alliance en avril dernier, mais le processus d'adhésion de la Suède a été ponctué de tractations avec la Turquie qui accusait le pays nordique de mansuétude envers des militants kurdes réfugiés sur son sol, considérés pour certains comme terroristes par Ankara.

La Suède a également dû composer avec les réticences du Premier ministre hongrois. Viktor Orban avait certes donné de longue date son accord de principe mais, avant de boucler le processus, il exigeait du «respect» de Stockholm, après des années de «dénigrement» de sa politique. Fin février, le Parlement hongrois avait finalement ratifié l'adhésion de la Suède à l'OTAN. Selon un sondage de la radio SR diffusé vendredi, une majorité de Suédois estime que leur pays a fait de «trop de sacrifices» pour devenir membre de l'OTAN, tout en admettant que la sécurité de la Suède s'est renforcée avec cette adhésion.

L'adhésion de la Suède à l'OTAN s'est accompagnée d'un net durcissement du discours de ses dirigeants, le commandant en chef des forces armées suédoises, Micael Byden, déclarant en janvier que ses compatriotes «devaient se préparer mentalement à la guerre». Outre sa candidature à l'OTAN, la Suède a signé début décembre un accord autorisant les Etats-Unis à avoir accès à 17 bases militaires sur son sol.

(AFP)

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