«Les envahisseurs russes ont attaqué l'Ukraine avec des Shahed-131/136 depuis le nord (la région russe de Briansk)», a indiqué l'armée de l'air ukrainienne. Les autorités de Kiev n'ont pas fait état de dommages humains ou matériels. Un total de 15 drones auraient été tirés, 13 ont été abattus et les deux autres n'ont pas causé de dégâts.
Depuis octobre et après plusieurs revers sur le terrain, Moscou s'est mis à viser fréquemment des infrastructures ukrainiennes dites «essentielles», notamment énergétiques. Ces frappes ont privé des millions d'habitants d'électricité durant l'hiver. La fréquence de ces attaques s'est toutefois ralentie ces dernières semaines, avec la livraison de systèmes de défense aérienne occidentaux aidant Kiev à affronter plus efficacement cette menace.
Côté russe, le patron du groupe paramilitaire Wagner, Evguéni Prigojine, dont les hommes sont en première ligne dans la bataille pour Bakhmout, s'est de nouveau plaint d'un manque de munitions. Dans un message dimanche soir sur les réseaux sociaux, il a évoqué deux raisons possibles pour expliquer ce retard: «La bureaucratie ordinaire ou une trahison».
«L'effondrement du front»
Bakhmout, ville de l'est de l'Ukraine, que la Russie cherche à conquérir depuis plusieurs mois, fait l'objet d'une bataille sanglante. Tant les forces de Moscou que celles de Kiev y ont subi de lourdes pertes. Le mois dernier, le patron avait multiplié les critiques virulentes à l'adresse du ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, et du chef d'état-major, Valéri Guerassimov. Il les avait accusés de commettre une «trahison» en refusant de fournir des munitions à Wagner. Quelques jours plus tard, Evguéni Prigojine avait annoncé que des munitions seraient finalement livrées. Signe que les tensions persistent, dans une vidéo publiée pendant le week-end, M. Prigojine a semblé mettre en garde l'armée russe en affirmant que «si Wagner se retire maintenant de Bakhmout, c'est le front tout entier qui s'effondrera».
Malgré les fortes tensions entre Wagner et l'armée, les forces russes ont progressé ces derniers jours autour de Bakhmout. Dimanche, l'Institut pour l'étude de la guerre (ISW), un groupe d'experts américains, a estimé que les forces ukrainiennes étaient «vraisemblablement en train d'effectuer une retraite tactique d'ampleur limitée» dans cette ville stratégique. Certains analystes s'interrogent sur l'intérêt pour les Ukrainiens de s'accrocher à cette ville aujourd'hui dévastée. L'ISW a pour sa part estimé que la défense de Bakhmout restait «stratégiquement sensée», car elle «continue d'épuiser les effectifs et les équipements russes».
La reconstruction de Marioupol
L'armée russe a communiqué lundi que le ministre russe de la Défense, Sergeï Choïgou, avait effectué une visite à Marioupol, ville portuaire dévastée après un siège destructeur, dans le Donbass. «Dans le cadre d'un déplacement dans la zone de l'opération militaire spéciale», le ministre a mené des inspections sur les sites d'infrastructures déjà reconstruits ainsi que sur de nouveaux chantiers à Marioupol, dans la République populaire de Donetsk (DNR). L'armée russe ne précise toutefois pas la date exacte de cette visite.
Il y a notamment visité un centre médical, un autre de secours et un nouveau quartier résidentiel comprenant 12 immeubles, poursuit le communiqué en ajoutant qu'il s'est également vu présenter un rapport sur la construction d'un important aqueduc censé relier la DNR à la région russe de Rostov. L'armée russe est en charge des principales reconstructions dans les territoires ukrainiens annexés. Le gouvernement russe a présenté un plan l'été dernier pour reconstruire Marioupol en trois ans, un objectif qui semble ambitieux, compte tenu de l'ampleur des destructions. En décembre, l'équipe de l'opposant russe emprisonné et pourfendeur de la corruption, Alexeï Navalny, a publié une enquête accusant des responsables du ministère russe de la Défense de détournements de fonds dans les travaux de reconstruction de Marioupol.
(ATS)