«Les combats les plus acharnés et les plus violents se poursuivent aujourd'hui dans la zone de Soledar», a indiqué la vice-ministre de la Défense Ganna Maliar lors d'une conférence de presse.
A lire aussi
Selon elle, «malgré une situation difficile, les soldats ukrainiens se battent sans relâche» pour ne pas donner la possibilité aux forces russes - surtout des mercenaires du groupe paramilitaire Wagner - de pouvoir attaquer ensuite la grande ville voisine de Bakhmout par sa partie nord.
La Russie recherche une victoire
Soledar, autrefois connue pour ses mines de sel, est en effet située à 15 km au nord-est de Bakhmout que les forces russes cherchent à capturer depuis l'été, sans succès à ce stade.
Pour l'analyste militaire Anatoli Khramtchikhine, la prise de cette petite ville d'environ 10'000 habitants avant guerre aujourd'hui complètement détruite permettrait toutefois à Moscou de brandir enfin une victoire militaire, après plusieurs revers humiliants.
«Toute victoire est importante, surtout parce qu'il n'y a pas eu de victoire depuis un moment», souligne-t-il.
Mercredi, le chef du groupe Wagner, Evguéni Prigojine avait revendiqué hâtivement que ses hommes contrôlaient Soledar, avant d'être rapidement contredit tour à tour par le ministère russe de la Défense et Kiev, selon qui les combats se poursuivaient toujours.
Jeudi, le Kremlin a toutefois salué «le travail gigantesque» et «les actions héroïques» des hommes de Wagner en première ligne.
«Il reste encore beaucoup de travail à faire. Il n'y a a pas le temps pour s'arrêter et se frotter les mains», a par ailleurs relevé face à la presse le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
Des citoyens «à l'abattoir»
«La Russie envoie des milliers de ses citoyens à l'abattoir, mais nous tenons bon», a martelé pour sa part Ganna Maliar, vantant «la résilience et l'héroïsme» des forces ukrainiennes.
Après plusieurs défaites en Ukraine, le président russe Vladimir Poutine avait en effet été poussé à déclarer une mobilisation partielle de centaines de milliers de réservistes et lancer une campagne de frappes sur les infrastructures énergétiques ukrainiennes.
Sans présenter de chiffres, Ganna Maliar a indiqué jeudi que les troupes russes qui combattent à Soledar «subissent de lourdes pertes (...) en essayant sans succès de percer notre défense».
Kiev n'a de son côté pas chiffré ses hommes tués et blessés dans la zone, mais Mykhaïlo Podoliak, conseiller à la présidence ukrainienne, avait dit déplorer mercredi «des pertes significatives» dans un entretien à l'AFP.
A Bakhmout, la docteure Elena Moltchanova, 40 ans, continue, elle, tant bien que mal de traiter les derniers patients civils qui sont restés habiter sous les bombes.
Épuisement des médicaments
«Il n'y a pas assez de seringues et d'aiguilles à insuline. Les stocks de médicaments pour le coeur s'épuisent très rapidement. Il y a suffisamment de paracétamol mais cela ne guérira pas les patients malades», déplore-t-elle auprès de l'AFP.
Mais impossible pour elle de s'imaginer quitter la ville «tant qu'il y a des gens ici».
Le chef de l'état-major des armées russes, le général Valéri Guerassimov - un interlocuteur direct de Vladimir Poutine - a par ailleurs été nommé mercredi soir «commandant du groupement combiné de troupes» déployées en Ukraine, en remplacement du général Sergueï Sourovikine.
Celui-ci n'aura dirigé les opérations que pendant à peine trois mois.
Officiellement, cette réorganisation «est liée à un élargissement de l'ampleur des missions à accomplir» et «à la nécessité de mener une interaction plus étroite entre les composantes des forces armées».
Mais en réalité, ont été notamment attribués à Sergueï Sourovikine les difficultés russes à progresser sur le terrain, la tactique infructueuse de frappes massives sur l'infrastructure énergétique de l'Ukraine - qui n'a pas fait plier Kiev -, ou encore le bombardement ukrainien au Nouvel an à Makiïvka qui avait tué au moins 89 soldats russes.
«Vladimir Poutine n'a pas parlé de nouveaux objectifs», a assuré Dmitri Peskov jeudi.
(ATS)