La couleur rouge est tendance. Pas seulement au début de l'automne, mais aussi dans la géopolitique. Vladimir Poutine aime bien cette couleur et il vient de tracer une nouvelle ligne rouge et de le crier au monde. Une attaque ukrainienne contre la Russie avec des armes fournies par une puissance nucléaire serait interprétée par Moscou comme une attaque. Et elle devrait en payer les conséquences.
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C'est ce que stipule la nouvelle doctrine nucléaire russe. En clair, cela signifie que si Washington, Paris ou Londres avaient l'idée de donner le feu vert à l'Ukraine pour utiliser ses armes à longue portée sur le territoire russe, il en résulterait une riposte nucléaire. Bien que la fin du monde nucléaire reste improbable, la nouvelle menace de Poutine a un effet secondaire inquiétant.
La ruse de Poutine avec la lassitude de la guerre
«La Russie veut ainsi déstabiliser l'Occident», affirme Gulnaz Partschefeld, experte en propagande, qui a travaillé jusqu'en 2006 comme présentatrice du journal télévisé pour la chaîne nationale russe. Elle enseigne aujourd'hui l'histoire culturelle russe à l'Université de Saint-Gall. «Poutine veut exploiter la lassitude de l’Occident». Le président russe réussit de plus en plus à creuser un fossé entre les Etats qui veulent maintenir le cap contre l'Ukraine et ceux qui exigent enfin la fin du massacre. Et peu importe les conséquences pour l'Ukraine.
Mais quand est-il de la menace de guerre nucléaire, si l'Ukraine venait à utiliser les armes fournies par l'Occident? «Poutine doit augmenter le degré de menace et pousser à l'escalade pour justifier son pouvoir aux yeux du peuple russe. Et bien sûr, il veut influencer les discussions sur les livraisons d'armes occidentales à l'Ukraine», explique l'experte en propagande.
On voit ces jours-ci qu'il y parvient, par exemple autour de l'assemblée générale de l'ONU à New York. Le président ukrainien semble de plus en plus seul avec sa demande de ne s'asseoir à la table des négociations avec la Russie que lorsque les troupes russes auront été chassées d'Ukraine. Négocier dès maintenant équivaudrait à une capitulation ukrainienne, souligne Zelensky.
Zelensky met en garde contre de nouveaux plans d'attaque
Malgré tout, les lignes rouges de Poutine ont fait mouche jusqu'à présent. L'Allemagne a déjà fait marche arrière et maintient que l'Ukraine ne doit pas utiliser d'armes allemandes de longue portée pour attaquer le territoire russe. Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne restent discrets. Seuls les pays baltes disent: «Feu à volonté».
Il semble que Poutine ait de plus en plus de succès avec sa tactique. Si l'avertissement de Zelensky de mercredi s'avère exact et si la Russie planifie effectivement des attaques contre trois centrales nucléaires ukrainiennes, son pays, et une grande partie de l'Europe, sera de toute façon menacée par un scénario de terreur nucléaire. Sans que l'Ukraine soit autorisée à riposter en direction de la Russie.