Le suspect qui a ouvert le feu lundi 16 décembre dans son école à Madison, aux Etats-Unis, tuant deux personnes et faisant plusieurs blessés, est une élève de 15 ans, a annoncé la police lundi soir. Un énième drame dans ce pays régulièrement endeuillé par les tueries en milieu scolaire.
«Le tireur a été identifié» comme étant une jeune fille de 15 ans, a déclaré Shon Barnes, le chef de la police de cette ville de l'Etat du Wisconsin, dans le nord des Etats-Unis, assurant qu'elle était scolarisée dans l'école chrétienne privée Abundant Life Christian School. «Elle a été prononcée morte au cours de son transfert dans un hôpital local», a précisé le responsable policier, ajoutant que l'élève avait, selon les premiers éléments, succombé à «une blessure par balle qu'elle s'est infligée».
Les deux victimes décédées sont un enseignant et un élève, a précisé Shon Barnes, au cours d'une conférence de presse. Il a ajouté qu'ils étaient sur les lieux du drame. Parmi les blessés hospitalisés, deux étudiants se trouvent entre la vie et la mort, deux personnes sont dans un état stable, et deux autres ont pu sortir de l'hôpital, a-t-il affirmé.
Auparavant, Shawn Barnes avait indiqué lors d'un point presse que sept personnes avaient été admises à l'hôpital local pour des blessures allant de légères à grave. Une porte-parole avait interrompu sa conférence de presse pour donner un nouveau bilan de cinq morts, dont le tueur présumé et cinq blessés mais la police de Madison a ensuite revu ce bilan à la baisse.
Joe Biden condamne
Dans un communiqué, le président sortant Joe Biden a qualifié cette fusillade de «choquante» et d'«insensée». Il a exhorté le Congrès à «agir» pour voter des lois plus restrictives dans un pays qui compte davantage d'armes à feu individuelles que d'habitants. «Il n'y a pas de mots pour décrire la désolation et la douleur que nous ressentons aujourd'hui», a pour sa part déclaré le gouverneur du Wisconsin, Tony Evers, dans un communiqué publié sur X.
«Prières demandées! (...) Nous sommes en train de suivre l'évolution de la situation. Nous partagerons des informations dès que nous le pourrons», avait écrit l'école Abundant Life Christian School sur son compte Facebook plus tôt dans la journée.
L'école a été «sécurisée»
A 10H57 locales lundi, la police de Madison a été prévenue d'une fusillade en cours dans l'école privée chrétienne Abundant Life qui accueille près de 400 étudiants, allant de la maternelle au lycée. «Le tireur était mort à notre arrivée», a dit Shon Barnes, précisant qu'une «arme de poing» avait été retrouvée et que les policiers n'avaient pas ouvert le feu. La tuerie s'est produite dans un seul espace de l'établissement: «je ne sais pas si c'était dans une salle de classe ou dans un couloir», a développé le chef de la police.
«Nous avons sécurisé l'école, il n'y a pas d'autres menaces ou danger pour la communauté», a-t-il assuré. Les enquêteurs cherchent toujours à comprendre les motivations de cette jeune femme suspectée d'être le tireur, a précisé Shon Barnes lundi soir, indiquant que des membres de sa famille avaient été interrogés. «C'est vraiment un jour triste pour Madison et pour notre pays», a-t-il ajouté. «Je pense que nous pourrions tous nous accorder pour dire que trop c'est trop», a estimé celui qui a commencé sa carrière comme enseignant avant de devenir policier.
«Je pense que nous devons faire mieux dans notre pays et notre communauté pour empêcher la violence par armes à feu», a déclaré, pour sa part, la maire de Madison, Satya Rhodes-Conway. «J'espérais que ce jour ne viendrait jamais à Madison», a regretté l'édile démocrate.
Les tueries se succèdent
Les tueries à répétition en milieu scolaire provoquent une forte émotion dans l'opinion publique aux Etats-Unis. Le pays paie un très lourd tribut à la dissémination des armes à feu et à la facilité avec laquelle la population y a accès. Plus de 16'000 personnes ont été tuées par armes à feu depuis le début de l'année dans le pays, selon Gun Violence Archive, l'ONG recensant en 2024 au moins 487 cas de fusillades ayant fait au moins quatre morts ou blessés.
«De Newton à Uvalde, de Parkland à Madison, pour beaucoup d'autres fusillades qui n'attirent pas l'attention – il est inacceptable que nous soyons incapables de protéger nos enfants de ce fléau de la violence par armes à feu», a critiqué le président Joe Biden.
En septembre, un adolescent de 14 ans avait tué quatre personnes, deux élèves de son âge et deux enseignants, en ouvrant le feu dans son lycée situé en Géorgie. En 2012, un déséquilibré avait abattu 26 personnes dont 20 enfants âgés de six et sept ans à l'école primaire Sandy Hook de Newton, dans le Connecticut. Un tel événement traumatisant s'était répété en mai 2022 quand un homme de 18 ans avait abattu 19 élèves et deux enseignants dans une école primaire à Uvalde, au Texas.
Entre ces deux drames, un massacre commis dans un lycée en Floride, le 14 février 2018 à Parkland, a déclenché un vaste mouvement national, avec la jeunesse en fer de lance, pour exiger un encadrement plus strict des armes individuelles aux Etats-Unis. Sans vraiment faire bouger les lignes.
De fait, dans un pays où la possibilité de détenir une arme à feu est considérée par des millions d'Américains comme un droit constitutionnel fondamental, les seules avancées législatives récentes restent marginales, comme la généralisation des contrôles d'antécédents judiciaires et psychiatriques avant tout achat d'arme.