La Colombie a réactivé les mandats d'arrêt contre les principaux chefs de la guérilla de l'armée de libération nationale (ELN) mercredi, après une flambée de violence qui semble enterrer les velléités de «paix totale» du gouvernement de gauche. En moins d'une semaine, des affrontements entre groupes armés ont fait plus de 100 morts.
La suspension des mandats d'arrêt dont bénéficiaient 31 dirigeants de l'ELN désignés comme porte-paroles dans les négociations de paix avec le gouvernement réentamées en 2022, dont le principal négociateur Pablo Beltran, est un signe de changement d'ère.
Les affrontements se déroulent dans trois régions pour le contrôle de territoires, des plantations de coca et des routes du trafic de drogue. Outre les 100 morts, ils ont fait 32'000 déplacés dans la seule zone montagneuse du Catatumbo (nord-est), frontalière du Venezuela. C'est l'une des pires crises humanitaire et sécuritaire en Colombie depuis plus d'une décennie.
Dans cette région, l'ELN a lancé jeudi dernier une attaque sanglante contre des dissidents rivaux de la défunte guérilla des forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) - qui ont refusé l'accord de paix de 2016 et repris les armes -, mais aussi contre la population civile.
5000 soldats déployés
«Ils essaient de prendre le contrôle de la frontière colombo-vénézuélienne» pour augmenter leurs «revenus criminels», a déclaré le ministre colombien de l'intérieur, Juan Fernando Cristo. Le ministère de la défense a indiqué que 5500 habitants du Catatumbo sont confinés dans leurs maisons. Le gouvernement colombien a décrété lundi l'état d'urgence et a mobilisé 5000 soldats dans la région.
L'armée colombienne n'a jusqu'à présent fait qu'avancer prudemment dans le territoire contrôlé par les rebelles, établissant des postes d'observation et effectuant des patrouilles dans les zones urbaines. A son arrivée au pouvoir en 2022, le président colombien Gustavo Petro s'était engagé à sortir par le dialogue du conflit armé vieux de six décennies qui a causé la mort de 450'000 personnes. Il négociait depuis lors avec plusieurs organisations armées du pays, dont l'ELN, sans parvenir jusqu'ici à des accords concrets avec les guérillas, les trafiquants de drogue, ni les groupes paramilitaires d'extrême droite.