Face à la menace russe, avec laquelle elle partage quelque 210 kilomètres de frontière, la Pologne durcit encore le ton. Donald Tusk, le Premier ministre, a dévoilé le 25 avril une nouvelle stratégie de défense baptisée «doctrine Piast», en référence à la dynastie fondatrice du pays. Objectif: faire de l’armée polonaise la plus puissante de la région, renforcer son ancrage occidental et affirmer sa place au sein de l’Union européenne.
«Notre armée doit être capable de repousser toute menace», a déclaré Donald Tusk lors des célébrations du millénaire du couronnement du premier roi de Pologne, promettant: «Nous sommes prêts à bâtir l’armée la plus forte de cette région du monde. Et nous le ferons ensemble, quelles que soient nos divergences.»
Un plan ambitieux, mais flou
Le plan repose sur trois pilliers, rapporte le «Telegraph»: la construction de l’armée la plus performante de la région ainsi que la première économie de la région et une influence accrue à Bruxelles. Mais pour l’heure, le flou demeure sur la portée réelle de ces ambitions, notamment sur la question d’un éventuel dépassement militaire ou économique de la Russie. Donald Tusk n'a pas donné plus de détails sur la «doctrine Piast» ou sur la manière dont la Pologne allait travailler pour atteindre ces objectifs.
En seulement une décennie, la Pologne a déjà doublé la taille de ses forces armées grâce à un vaste programme de réarmement. Elle possède aujourd’hui la troisième plus grande armée de l’OTAN et consacre 4,7% de son PIB à la Défense.
Positions pro-occidentales
Lors des célébrations, Donald Tusk a également réaffirmé l’ancrage occidental de son pays. Il a évoqué un «choix constamment renouvelé, parfois remis en question par nos ennemis, parfois aussi par certains en Pologne, qui exige un engagement permanent.»
Selon l’experte politique Natalie Vogel, cette posture vise autant à renforcer la crédibilité militaire de la Pologne aux yeux de ses partenaires qu’à affaiblir l’opposition nationale alors que les élections nationales arrivent à grands pas. «Il s’agit d’un niveau élevé de guerre psychologique, affirme-t-elle, pour démontrer que les Polonais sont les Européens capables de défendre le flanc oriental de l’OTAN, y compris les Etats baltes, face à une éventuelle agression russe.»
La Pologne a connu une croissance rapide de son PIB ces dernières années. Depuis 2023, le revenu moyen des ménages polonais dépasse celui des ménages espagnols. Et selon des prévisions économiques, ils pourraient bien dépasser les ménages britanniques d’ici à 2030.