Les groupes parlementaires des sociaux-démocrates du chancelier, des Verts et des Libéraux du FDP, chargés de faire avancer cette initiative inscrite dans le contrat de coalition, ont souscrit à l'avis du président du Conseil central des juifs Josef Schuster, ont déclaré ces sources confirmant des informations de presse.
Il s'était déclaré opposé à la suppression d'un mot qui rappelait aussi selon lui la persécution et l'assassinat de millions de personnes, «en premier lieu des juifs et des juives». Le passage incriminé de la Constitution allemande de 1949 est l'article 3, selon lequel «nul ne doit être discriminé ni privilégié en raison de son sexe, de son ascendance, de sa race, de sa langue, de sa patrie et de son origine, de sa croyance, de ses opinions religieuses ou politiques.»
L'objectif n'a jamais été de «supprimer entièrement le concept, mais de le remplacer» par un équivalent moins connoté, précisent les sources. Mais ce remplacement, qui aurait par ailleurs nécessité un vote à la majorité des deux-tiers au parlement, s'est également avéré compliqué au niveau juridique. Les responsables ont planché sur une formulation garantissant «le même niveau de protection», sans qu'un «équivalent» ait été trouvé, ajoutent-elles. La porte-parole du ministère de la Justice a décliné tout commentaire.
Un débat récurrent
Les conservateurs ont d'ores et déjà salué la nouvelle. «Malgré toutes les difficultés liées à cette notion, elle a des contours constitutionnels clairs et ne laisse aucun doute quant à son application actuelle», a ainsi déclaré le conseiller juridique auprès du groupe parlementaire CDU/CSU Ansgar Heveling, dans le quotidien Rheinische Post. Les conservateurs arguent aussi que le mot a justement été inscrit dans le texte fondateur de la République fédérale d'Allemagne afin de se démarquer nettement de la politique criminelle des nazis.
Le débat à ce sujet est récurrent en Allemagne. Il avait ressurgi en 2020 dans la foulée de la mobilisation antiraciste aux Etats-Unis et dans le monde après la mort de l'Américain noir George Floyd, tué par un policier blanc. Le terme «race» est critiqué car il sous-entend indirectement l'existence de races humaines différentes. Les régions de Sarre, du Brandebourg et de la Thuringe l'ont pour cette raison déjà supprimé de leurs propres constitutions.
En 2021, le vice-chancelier Robert Habeck, alors chef des Verts, avait signé une tribune en 2021 dans laquelle il plaidait pour la suppression. «Il n'y a pas de 'races'. Il y a des êtres humains», avait-il écrit.