La promesse de «ne plus jamais» tolérer l'antisémitisme, «c'est une promesse que nous devons tenir maintenant», a lancé le chancelier dans la synagogue Beth Zion de Berlin, qui avait été dévastée et vandalisée par les nazis dans la nuit du 9 au 10 novembre 1938 comme de très nombreux autres lieux de culte, commerces et foyers juifs.
C'est une promesse «sur laquelle repose l'Allemagne démocratique», a ajouté le dirigeant.
Assistaient à cette cérémonie le gouvernement allemand presque au grand complet, le chef du comité central des Juifs d'Allemagne Josef Schuster, la survivante de la Shoah Margot Friedländer, âgée de 102 ans, et des parents d'otages israéliens détenus par le Hamas depuis l'attaque sanglante du 7 octobre.
«Toute forme d'antisémitisme empoisonne notre société. Comme maintenant lors de manifestations islamistes», a martelé Olaf Scholz. Et de promettre de «poursuivre en justice tous ceux qui soutiennent le terrorisme et sont antisémites».
Le chancelier a également rappelé qu'avec l'entrée en vigueur d'une nouvelle loi sur la citoyenneté, aucune personne soupçonnée d'antisémitisme ne pourrait être naturalisée allemande.
1800 délits antisémites en Allemagne depuis l'attaque du Hamas le 7 octobre
Fin octobre, le renseignement allemand avait déclaré avoir recensé environ 1800 délits antisémites dans le pays depuis l'attaque surprise du mouvement islamiste Hamas le 7 octobre en Israël.
A Berlin, dans le quartier de Neukölln à forte population d'origine arabe et turque, le réseau Samidoun, qui affirme soutenir les prisonniers palestiniens, a distribué des pâtisseries pour célébrer «la victoire de la résistance» après le 7 octobre. Samidoun a depuis été interdit en Allemagne.
La synagogue Beth Zion, où avait lieu la cérémonie, a été visée le 18 octobre par des jets de cocktails Molotov, qui n'ont provoqué ni dommages ni blessés.
«Tous ceux qui vivent dans notre pays et tous ceux qui veulent y vivre doivent comprendre la responsabilité issue de notre histoire» vis-à-vis des Juifs, a insisté Olaf Scholz, dans une allusion à peine voilée aux migrants venus récemment en Allemagne. Plus d'un million d'entre eux sont arrivés du Proche-Orient lors de la crise des réfugiés de 2015-16.
«Notre responsabilité historique doit être transmise dans les écoles, dans les universités, dans les formations professionnelles, dans les cours d'intégration et dans la vie quotidienne», a-t-il poursuivi. «Pour que nous puissions nous faire comprendre en Allemagne, terre d'immigration, de tout ceux qui viennent de pays où l'on ne parle pas de la Shoah ou d'une façon totalement différente», a-t-il dit. «C'est une nécessité absolue».
Il a néanmoins ajouté: «Nous ne devons pas tomber dans le piège de ceux qui sentent l'occasion de dénier en bloc à plus de cinq millions de citoyens musulmans leur place dans notre société». Une remarque à l'intention de l'extrême droite qui a le vent en poupe en Allemagne.
«L'antisémitisme n'a pas sa place en Autriche» non plus
L'Autriche, annexée par Hitler quelques mois avant le pogrom, l'a aussi commémoré par une cérémonie au Parlement, par une marche du souvenir et par un dépôt de gerbes en présence de membres du gouvernement et du président Alexander Van der Bellen.
Devant des représentants de la presse étrangère reçus au palais de la Hofburg, le chef de l'Etat a insisté ensuite sur la «responsabilité historique particulière» des deux pays. «Les Autrichiens ont également été des auteurs de crimes à l'époque nazie» et «l'antisémitisme n'a pas sa place en Autriche», a-t-il dit.
Dans la nuit du 9 au 10 novembre 1938, les violences sans précédent pendant la Nuit de Cristal – appelée ainsi à cause des débris de verre jonchant les rues après les actes de vandalisme – avaient été présentées par le régime nazi comme des représailles à l'assassinat du diplomate allemand Ernst vom Rath à Paris par un Juif polonais.
Ces pogroms, provoquant l'indignation internationale, ont marqué l'intensification des persécutions par l'Allemagne nazie contre les Juifs. Six millions d'entre eux périrent pendant la Shoah.
(ATS)