Une offensive de printemps des forces armées ukrainiennes est attendue depuis plusieurs semaines déjà. Celle-ci doit permettre une percée sur le front à l'est de l'Ukraine et de vastes conquêtes territoriales.
L'objectif de l'opération: affaiblir son ennemi. Le moment pourrait venir où, comme l'espère le président ukrainien Volodymyr Zelensky, la Russie ne devrait plus avoir d'autre choix que de s'asseoir à la table des négociations.
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Un atout précieux à disposition de l'Ukraine
Mais la contre-offensive ukrainienne annoncée à grand renfort de publicité n'est pas encore au rendez-vous. Les livraisons de munitions nécessaires de toute urgence sont retardées. Même le ministre ukrainien de la Défense Oleksiy Reznikov a récemment tempéré les attentes concernant l'offensive prévue et l'a qualifiée de «définitivement excessive».
Plusieurs experts militaires indiquent toutefois que les forces armées ukrainiennes ont malgré tout un atout précieux dans leur manche. La Russie constitue une cible facile, en particulier sur un point.
Les lignes d'approvisionnement de Moscou entre la Crimée et le continent dans le sud de l'Ukraine sont en effet considérées comme «l'artère vitale» de l'armée russe. «La liaison ferroviaire du Donbass à la Crimée est la seule liaison logistique qui fonctionne encore à peu près bien pour la Russie dans le sud de l'Ukraine», a souligné dernièrement Christian Mölling, expert en sécurité et directeur adjoint de la «Deutsche Gesellschaft für Auswärtige Politik», dans le podcast Stern «Ukraine - Die Lage».
«Ce serait un désastre pour la Russie»
La ligne ferroviaire à deux voies part de la région russe de Krasnodar et traverse le pont de Crimée pour rejoindre la péninsule occupée. De là, la ligne de train se prolonge en direction du continent ukrainien. L'une des voies se dirige vers la ville disputée de Kherson, l'autre vers Melitopol et de là vers le Donbass, annexé par la Russie.
Une attaque ukrainienne réussie sur ces lignes d'approvisionnement serait dévastatrice pour Moscou et poserait de sérieux problèmes à ses forces armées. «Politiquement, ce serait un désastre pour la Russie», conclut Christian Mölling.
C'est également l'avis de Simon Weiss, expert en sécurité de la Fondation Friedrich-Ebert-Stiftung. Il pense que les forces armées ukrainiennes viseront avant tout le pont de Crimée.
«La voie ferrée permet un transport rapide de matériel militaire jusqu'au nord de la Crimée et donc à proximité du front», explique-t-il au «Tagesspiegel».
Poutine bientôt forcé aux négociations?
L'expert en sécurité Christian Mölling est convaincu qu'il ne devrait pas être trop difficile pour les Ukrainiens de percer la ligne d'approvisionnement russe. Pour cela, il suffirait de les équiper «d'un nombre limité de missiles d'artillerie».
Si les Ukrainiens parvenaient effectivement à détruire la «ligne de vie» russe et à reconquérir ainsi les territoires du sud, cela placerait l'Ukraine dans une position très forte et pourrait, selon les experts, forcer Moscou à s'asseoir à la table des négociations.