Kharkiv dans le collimateur de Moscou
Les Russes vont-ils bientôt assiéger la deuxième plus grande ville d'Ukraine?

Les médias russes annoncent la chute prochaine de Kharkiv, ville qui comptait autrefois 1,5 million d'habitants. Le président Zelensky rassure et garantit que la ville est en sécurité. Mais quelle est la stratégie de guerre de Moscou?
Publié: 07.04.2024 à 10:32 heures
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Dernière mise à jour: 07.04.2024 à 10:55 heures
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Avant la guerre, Kharkiv, la deuxième plus grande ville d'Ukraine, comptait près de 1,5 million d'habitants. Beaucoup ont fui depuis.
Photo: IMAGO/ABACAPRESS
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Daniel Kestenholz

Volodymyr Zelensky a exclu toute conquête de la métropole de Kharkiv face aux rumeurs d'une offensive russe imminente sur la ville de plus d'un million d'habitants. «Kharkiv est aujourd'hui protégée», a déclaré le président ukrainien dans une interview diffusée samedi à la télévision.

Et ce, alors que les médias russes annoncent le siège de Kharkiv. «La population et les fonctionnaires fuient Kharkiv, la vie s'arrête», écrit le journal russe «Pravda». «Les forces russes se préparent à assiéger la ville.»

Zelensky a reconnu que la ville restait vulnérable aux attaques aériennes, mais qu'il était absolument confiant quant à la défense de la région au sol. Selon lui, les fortifications construites par l'Ukraine sont en grande partie terminées, non seulement à Kharkiv, mais aussi dans une grande partie de la zone de front et de la zone frontalière.

Un coup douloureux, mais pas fatal

Ce faisant, Zelensky a affirmé, en s'appuyant sur des informations des services de renseignement, que la Russie prévoyait une nouvelle mobilisation de 300'000 hommes pour le 1er juin, afin de pouvoir poursuivre son offensive lancée à l'automne. Officiellement, Moscou a jusqu'à présent démenti les plans d'une nouvelle vague de mobilisation.

Les médias ukrainiens spéculent désormais sur le fait qu'une nouvelle offensive russe pourrait viser Kharkiv, la deuxième plus grande ville d'Ukraine après Kiev, dans le nord-est du pays. Le portail en ligne ukrainien Strana ne voit toutefois aucun avantage stratégique pour la Russie dans la prise de Kharkiv.

Si Kharkiv devait tomber, ce serait «très douloureux pour l'Ukraine, mais ce ne serait toujours pas un coup fatal», analyse Strana. La perte de la ville «n'entraînera pas l'effondrement du front».

Mystère sur la stratégie de la Russie

Selon le journal en ligne, l'Ukraine doit craindre d'autres pertes. Quatre objectifs possibles de Moscou d'une «importance décisive» sont énumérés:

1

La prise de Kiev

La chute de la capitale ukrainienne mettrait de facto fin à la guerre – mais pas à la résistance armée, surtout dans l'ouest de l'Ukraine.

2

Couper l'Ukraine d'un accès à la mer

Le Kremlin pourrait planifier la conquête de toute la côte ukrainienne de la mer Noire et l'entrée de troupes russes aux frontières de la Roumanie et de la Moldavie, écrit encore Strana. Ce serait un coup catastrophique pour l'Ukraine, tant sur le plan économique que militaire et stratégique.

3

La conquête du Dniepr et de Zaporijia

La perte de ce territoire constituerait une menace critique pour l'ensemble du front sud des forces armées ukrainiennes ainsi que pour la majeure partie du front est, selon Strana. Un éventuel plan russe pourrait consister à couper l'ensemble des forces ukrainiennes dans l'est de l'Ukraine en lançant des attaques depuis le nord et l'ouest de Kharkiv.

4

Attaques depuis la Biélorussie

La Transnistrie, dit-on, serait alors accessible par le nord. Les troupes russes pourraient ainsi «couper presque entièrement le front des livraisons d'aide occidentale».

L'issue de la guerre reste ouverte

L'analyse de Strana prévoit une «longue guerre d'usure». Moscou tente de «saigner à blanc» l'armée ukrainienne dans des combats incessants. Mais l'Ukraine n'est pas la seule à perdre des hommes. «L'armée russe subit, elle aussi, des pertes. Et de façon considérable.»

Actuellement, l'issue de la guerre reste ouverte. On ne peut exclure ni une capitulation de l'Ukraine, ni le fait que Moscou soit contraint à un cessez-le-feu – ou que le conflit se transforme en conflit mondial.

«La seule question», selon Strana, «est de savoir combien de temps cela va durer jusqu'à ce moment-là et combien de personnes vont encore mourir».

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