Il s'est senti en Irlande «comme à la maison». Joe Biden, reçu comme un enfant du pays, referme vendredi la parenthèse qu'il s'est offerte sur les traces de sa famille, loin du tumulte de l'actualité.
Le président américain, sans doute celui qui revendique avec le plus d'emphase ses racines irlandaises depuis John Fitzgerald Kennedy, s'est rendu à Knock, dans l'est, pour une dernière étape très personnelle dans ce pays.
L'impressionnant convoi de Joe Biden, arrivé en Irlande avec deux «Air Force One», un grand modèle qui le ramènera aux Etats-Unis en soirée et un plus petit pour les déplacements régionaux tels que celui de vendredi, l'emmènera d'abord au sanctuaire de Notre-Dame de Knock, un lieu de pèlerinage.
Ce fervent catholique doit s'y recueillir en privé et visitera ensuite un centre de recherches historiques et généalogiques. Enfin, il fera un discours dans la petite ville de Ballina, devant plusieurs milliers de personnes. Cette allocution est prévue pour la soirée, de manière à grappiller peut-être un peu d'attention aux Etats-Unis, qui semblent bien loin depuis qu'il a entamé mercredi son séjour en Irlande.
Joe Biden ne veut plus partir
«Comme le dit le dicton irlandais, vos pieds vous mèneront là où est votre coeur», a écrit Joe Biden, 80 ans, dans le livre d'or de sa visite, plaisantant en disant qu'il ne «veut plus rentrer».
«Vous êtes l'un des nôtres», lui a assuré jeudi Sean O'Fearghail, le président de la chambre basse du Parlement, où il a été accueilli par une ovation debout.
Ces derniers jours, Joe Biden, qui avait commencé par un passage éclair à Belfast, a certes évoqué plusieurs fois le sujet délicat de l'Irlande du Nord, appelant à lever le blocage des institutions de cette province britannique.
Il a aussi loué l'alliance entre Washington et Dublin face à la Russie, parlé de développement économique et de défense de la démocratie.
Parenthèse pour se ressourcer
Mais le démocrate, qui est accompagné de sa soeur et de son fils, s'est surtout offert une parenthèse, à distance de l'actualité mondiale et de la campagne pour la présidentielle de 2024 aux Etats-Unis, dans laquelle il dit avoir «l'intention» de se jeter prochainement.
Il a pris tout son temps pour embrasser un bébé, discuter avec de jeunes sportifs, serrer des mains et prendre des selfies avec des Irlandais visiblement enthousiasmés par sa présence - un contraste frappant avec les Etats-Unis, où il n'est guère populaire.
Pour son dernier discours, il a tout naturellement choisi un lieu lié à son histoire personnelle : la cathédrale Saint Muredach à Ballina. Un des ancêtres maternels de Joe Biden, Edward Blewitt, a vendu en 1828 quelque 27'000 briques pour la construction de l'édifice religieux.
Selon la Maison Blanche, la transaction a rapporté l'équivalent de 20'000 à 25'000 dollars d'aujourd'hui - ce qui l'a aidé quelques années plus tard à payer la traversée vers l'Amérique, pour lui, sa femme et leurs huit enfants.
Irlande et Etats-Unis, destin partagé
Dans son discours, Joe Biden devrait à nouveau évoquer le destin partagé par l'Irlande et les Etats-Unis et leurs valeurs communes : le souci de la «dignité» et la «foi» en l'avenir.
Peut-être se laissera-t-il aussi aller, comme jeudi devant le Parlement, à un moment d'introspection. Président le plus âgé de l'histoire américaine, il a abordé frontalement cette question politiquement brûlante, ce qu'il ne fait quasiment jamais. «Je suis à la fin de ma carrière, pas au début», a dit Joe Biden.
«Vous voyez bien quel âge j'ai», a-t-il poursuivi, estimant avoir glané au fil des ans «un peu de sagesse.» «J'ai plus d'expérience que tout autre président dans l'histoire américaine. Cela ne me rend pas meilleur ni moins bon mais cela me donne quelques excuses.»
(ATS)