Travailler quatre jours au lieu de cinq pour le même salaire, ça vous dit? L'idée est en vogue. En Suisse, le groupe gastronomique lucernois Remimag, qui compte plus de 30 hôtels et restaurants dans tout le pays (plusieurs centaines d'employés), a franchi le pas ce printemps. «Nous avions du mal à recruter du personnel, et ce nouveau modèle séduit», confiait le directeur à Blick.
Ce qui reste un cas isolé en Suisse (des hôteliers zurichois en ont fait de même) est en train de se généraliser outre-Manche. Du moins pour un test à grande échelle: 70 entreprises comptant plus de 3300 employés dans plus de 30 secteurs participent à la plus grande expérience de la semaine de quatre jours jamais réalisée au Royaume-Uni.
«Je peux enfin profiter de mon week-end»
Concrètement, les employés ont la même charge de travail, mais répartie sur quatre jours (32 heures au total), pour le même salaire. Des chercheurs des universités d'Oxford et de Cambridge ainsi que du Boston College suivent attentivement l'expérience, qui doit durer six mois.
Voilà quelques semaines que les «cobayes» ont adopté leur nouveau rythme de travail. Et le bilan est très positif. «Je peux vraiment profiter de mon week-end désormais, explique une employée de banque à CNN. Le vendredi est consacré au ménages et aux tâches administratives, et après j'ai deux jours libres. Le changement est phénoménal.»
Les chercheurs partagent cet enthousiasme. Le think thank Autonomy, qui participe au projet britannique, qualifie même l'expérience de «succès époustouflant». La productivité et les services n'auraient pas du tout souffert de la réduction du temps de travail.
Déjà une réalité en Islande
Si l'envergure de l'expérience est sans précédent au Royaume-Uni, il existe un précédent encore plus marquant en Europe sur une autre île: l'Islande. Le pays nordique a en effet testé un modèle similaire pendant trois ans.
C'est peu dire que l'expérience a fonctionné au pays des volcans: 86% des travailleurs islandais ont désormais adopté la semaine raccourcie. Depuis cette réduction à 35 heures par semaine, l'Islande enregistre moins de burnouts et les performances des travailleurs n'ont pas diminué. Elles se sont même améliorées dans certains cas.