Issue d'une bataille judiciaire
Le jeune Archie, maintenu en vie grâce à des machines, est décédé

Un jeune Britannique de 12 ans en état de mort cérébrale depuis quatre mois, Archie Battersbee, est décédé samedi après l'arrêt des soins qui le maintenaient en vie, au terme d'une âpre bataille judiciaire menée par ses parents contre le système de santé.
Publié: 06.08.2022 à 16:55 heures
La famille d'Archie Battersbee est bouleversée à la sortie de l'hôpital.
Photo: DUKAS

«Archie est mort à 12h15 aujourd’hui», a déclaré à la télévision Hollie Dance, la mère du jeune garçon, qui était maintenu dans le coma dans un hôpital de l’est de Londres depuis le mois d’avril. «Il s’est battu jusqu’à la toute fin», a-t-elle déclaré en larmes, «si fière d’être sa maman».

Les traitements qui maintenaient le jeune garçon en vie avaient été interrompus environ deux heures auparavant, après que ses parents eurent épuisé toutes les voies de recours, devant la justice britannique et européenne, pour s’opposer à l’arrêt des soins puis pour demander son transfert dans un établissement de soins palliatifs.

L’enfant «est mort samedi après-midi au London Royal Hospital de Londres après l’arrêt de ses traitements, conformément aux décisions des tribunaux au sujet de son intérêt», a confirmé dans un communiqué Alistair Chesser, médecin-chef du groupement hospitalier. «Des membres de sa famille étaient à son chevet», a-t-il ajouté, leur présentant ses condoléances et en soulignant le travail des soignants et l’émotion créée dans le pays par cette affaire.

«C’est barbare»

L’une des membres de la famille de l’enfant, Ella Carter, a raconté qu’il est resté stable «pendant deux heures» jusqu’au retrait complet de l’assistance respiratoire. «Il n’y a absolument rien de digne dans le fait de regarder un membre de sa famille ou un enfant suffoquer», «aucune famille ne devrait avoir à subir ce que nous avons subi, c’est barbare», a-t-elle ajouté.

Dès samedi matin, des fleurs ou des bougies disposées pour former un A ou un cœur ont été déposées par des soutiens au pied d’une statue face à l’hôpital. Archie Battersbee était considéré comme étant en état de mort cérébrale et la justice britannique avait autorisé mi-juillet l’hôpital à mettre fin aux traitements qui le maintenaient en vie.

Ses parents, Hollie Dance et Paul Battersbee, soutenus par une organisation chrétienne, avaient engagé d’ultimes recours en justice pour que leur fils quitte le Royal London Hospital, et soit transféré dans un établissement de soins palliatifs, en vain.

«En prenant en compte les souhaits de la famille et leurs motivations, les équipements en maison de soins, ce qu’Archie aurait voulu, les risques d’un transfert et sa santé de plus en plus fragile, […] je pense qu’il est dans son intérêt de rester à l’hôpital pour l’arrêt des soins», a estimé la juge à la Haute Cour de Londres vendredi. L’hôpital jugeait son état trop instable pour un transfert, qui pourrait «très probablement accélérer la dégradation redoutée par les parents».

Décision définitive de la justice

Archie Battersbee avait été retrouvé inconscient chez lui le 7 avril et n’avait jamais repris connaissance depuis. Selon sa mère, il aurait participé à un défi sur les réseaux sociaux consistant à retenir sa respiration jusqu’à l’évanouissement. Ses parents affirmaient avoir constaté des signes de vie mais pour le corps médical, son cas est sans espoir, justifiant l’arrêt des soins.

Dans un communiqué vendredi soir, le groupement hospitalier chargé des soins d’Archie Battersbee a exprimé sa «profonde sympathie» envers la famille du jeune garçon. «Comme l’ont ordonné les tribunaux, nous travaillerons avec la famille pour préparer l’arrêt des traitements, mais nous n’apporterons aucune modification aux soins d’Archie tant que les questions juridiques en suspens ne seront pas résolues», poursuivait le communiqué.

Le Royaume-Uni a dans un passé récent déjà été marqué par deux autres affaires comparables. En avril 2018, un enfant de 23 mois, Alfie Evans, atteint d’une maladie neurodégénérative rare, était mort après un long combat judiciaire de ses parents contre l’arrêt des soins. Ses parents avaient notamment reçu le soutien du pape François, qui avait lancé plusieurs appels pour le maintien en vie du garçonnet.

En 2017, Charlie Gard, atteint d’une maladie génétique rare, était mort peu avant son premier anniversaire, après l’arrêt de la ventilation artificielle malgré la multiplication des recours par ses parents.

(AFP)

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