Grâce à leur fortune, les oligarques ont une grande influence sur le régime russe. C’est la raison pour laquelle la communauté internationale a pris des sanctions sévères à leur encontre. Malgré ce nouveau régime et leurs yachts saisis les uns après les autres, la plupart d’entre-eux continue toutefois de soutenir Vladimir Poutine et la guerre en Ukraine. Ou du moins ne s’y opposent-ils pas publiquement, puisque certains soutiendraient tout de même les sanctions.
Si les oligarques eux-mêmes restent silencieux, d’autres membres de la famille de ces Russes super-riches commencent à tenir des propos très clairs: leurs filles. Sur Instagram, où certaines ont acquis une forte notoriété grâce à leur style de vie jet-set, les déclarations politiques commencent à remplacer… les photos de plage.
La jeune femme la plus critique? Il s’agit de Sofia Abramovitch, 27 ans, la fille de Roman Abramovitch, l’un des entrepreneurs les plus fortunés du monde – et (toujours) propriétaire du FC Chelsea. Elle publie une photo sur Instagram sur laquelle il est écrit que ce n’est pas la Russie, mais Poutine qui veut la guerre. «Le mensonge le plus grand et le plus réussi du Kremlin est que tous les Russes sont derrière Poutine», affirme-t-elle.
La fille du porte-parole du Kremlin sympathise avec l’Ukraine
Sofia Abramovitch n’est pas la seule à se rebeller. Plus étonnant: la fille du porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, s’exprime également sur Instagram. Avec les mots «Non à la guerre», Elizaveta Peskova, 24 ans, s’oppose directement au travail de son père.
Le post de Maria Ioumacheva, 19 ans, est quant à lui politiquement explosif. En effet, son père, Valentin Ioumachev, est un conseiller de Poutine, et son grand-père est l’ex-président Boris Eltsine (1931-2007). Elle a posté de manière éloquente un drapeau ukrainien sur Instagram. Une telle sympathie pour l’ennemi public serait impensable pour Valentin Ioumachev.
Les paroles critiques sont rares en Russie
Les posts critiques comme ceux des filles des oligarques ont une énorme importance en Russie. Avec ses médias d’Etat, Vladimir Poutine tente de maintenir son image de libérateur de l’Ukraine, en proie à un régime nazi. Comme le journalisme indépendant est quasiment impossible, il est d’autant plus difficile de convaincre les Russes du contraire.
A cela s’ajoute le fait que plusieurs médias ont rappelé leurs correspondants ces derniers jours, car une modification de la loi rend leur travail encore plus difficile. Pour de prétendues fausses informations sur les forces armées russes, les journalistes sur place risquent jusqu’à 15 ans de prison. La SSR a également rappelé son correspondant spécial à Zurich.
Facebook est bloqué en Russie, mais pas encore Instagram
Les médias sociaux comme Facebook et Twitter sont également bloqués. Mais Instagram, sur lequel Sofia Abramovitch a par exemple diffusé sa critique de Poutine, est jusqu’à présent – encore – accessible.
Différents médias spéculent que le régime russe n'a pas apprécié les posts des filles d’oligarques. La déclaration d’Elizaveta Peskova aurait déjà disparu au bout d’une heure. Son compte est entre-temps passé en privé, ce qui fait que ses déclarations ne peuvent plus être rendues publiques aussi rapidement – sans doute dans l’intérêt de Vladimir Poutine. (bnr)