Se présentera, se présentera pas? Depuis des semaines, la potentielle candidature de Donald Trump agite les Etats-Unis. Et surtout le parti républicain. Conformément à son sens habituel du drama, le président déchu fait mystère de ses projets.
Mais dans les coulisses, on dit qu’il travaillerait dur à son come-back. Dans la nuit de mardi à mercredi, Donald Trump a détrôné l’une de ses opposantes les plus virulentes, Liz Cheney. La républicaine a perdu les primaires de son parti dans son Wyoming natal. Face à Harriet Hageman, soutenue par Trump.
Éliminer tous les adversaires
Liz Cheney perdra ainsi son siège à la Chambre des représentants. Et pour Trump, c’est le triomphe. L’ancien président est en pleine vendetta. Dix républicaines et républicains avaient soutenu la procédure de destitution de l’ex-président après l'assaut du Capitole, le 6 janvier de l’année dernière. L'impeachment n'a finalement pas eu lieu. Mais l’homme d’affaires a pour objectif de virer du Congrès tous ceux qui ont voté contre lui.
Une mission qui se déroule jusqu’à présent comme sur des roulettes: huit des dix républicains qui se sont opposés à lui ont été éliminés lors des primaires – ou ne se sont même pas présentés.
Étendre les exécutions
De premiers détails sur les objectifs que Trump souhaite mettre en œuvre au cours d’un éventuel deuxième mandat sont apparus durant ses discours de ces derniers mois. Selon le «Washington Post», le républicain pur et dur pourrait tenter d’étendre encore davantage la peine de mort. Trump s’est en effet régulièrement prononcé en faveur de la sanction définitive, en particulier pour les dealers. «Dans le monde entier, les seuls pays qui n’ont pas de problèmes de drogue sont ceux qui appliquent la peine de mort aux trafiquants», a-t-il asséné lors d’un discours à Las Vegas en juillet.
En 2020, l’administration Trump a également réintroduit les exécutions au niveau fédéral après dix-sept ans. Treize personnes ont ensuite été exécutées sous son autorité, avant que la mesure soit suspendue au niveau étatique en juillet 2021. Le Ministère de la justice examine désormais les modifications apportées par l’administration Trump afin d’identifier d’éventuelles violations de la Constitution.
Bannir les sans-abri dans des villages de tentes
Trump veut également s’attaquer au problème des sans-abris lors d’un éventuel second mandat, mais à sa manière. Sa solution miracle? Bannir les SDF des villes. Et les parquer dans d’immenses villages de tentes en dehors des zones habitées.
«La seule façon d’éradiquer ces campements de sans-abri et de reconquérir nos centres-villes? Il faut développer de grandes parcelles de terrain relativement bon marché en périphérie des différentes villes, faire venir des professionnels de la santé et des spécialistes du sevrage, et construire des villages de tentes, a déclaré sans fard le républicain lors d’un discours début août. Nous devons faire sortir les gens de la rue et reconquérir nos cités!»
Impossible de savoir combien de personnes dorment actuellement dans les rues américaines: aucune statistique précise n’est disponible. Toutefois, des experts ont confié au «Post» que plus d’un demi-million de personnes seraient actuellement privées de toit.
Intervenir plus durement lors des manifestations
En 2020, des dizaines de milliers de personnes étaient descendues dans la rue après la mort de George Floyd. Dans le sillage des manifestations «Black Lives Matter», des débordements se sont produits. Et le président américain de l’époque n’avait rien trouvé de mieux à faire que demander aux gouverneurs des Etats concernés de réprimer plus sévèrement ces mouvements.
Au cours de son deuxième mandat, l’ex-homme d’Etat se voit intervenir encore plus durement face aux protestations et autres troubles. Pour ce faire, il peut mobiliser la Garde nationale. Cette dernière est certes sous le contrôle des différents Etats fédéraux, mais le président peut en disposer. La crainte est grande que Donald Trump ne profite de ce pouvoir lors de son deuxième mandat pour réprimer les protestations. «Je pense que la prochaine fois, soit le vent tournera rapidement, soit nous les enverrons (ndlr: les troupes)», a-t-il asséné.
Ne voter qu’en personne
«L’élection a été volée!» Donald Trump avait bien chauffé les foules après sa défaite dans les urnes. Dans de nombreux swing states, ou Etats clés, il partait en tête dans les premiers dépouillements, avant d’être peu à peu dépassé par Joe Biden. Pour le républicain, c’était un signal clair: les élections avaient forcément été truquées.
Les raisons sont pourtant simples. Lors des élections américaines, on compte d’abord les bulletins de vote personnels. Traditionnellement, les républicains arrivent en tête, car leur électorat préfère en général voter en personne plutôt que d’envoyer son bulletin par poste. Ce n’est qu’ensuite qu’interviennent les bulletins par correspondance, qui contiennent plutôt des voix démocrates.
Donald Trump le sait bien. C’est pourquoi il veut réformer le système, pour n’autoriser que les votes en personne, le jour des élections. Outre les votes par correspondance, les bulletins anticipés ne devraient ainsi plus être possibles. «Cela devrait être clairement notre objectif», a-t-il annoncé sans fard lors de son discours du 6 août.
L’accord du Congrès est nécessaire
Toutefois, il ne pourrait pas modifier seul les règles de l’élection. L’accord du Congrès est nécessaire. Pour un système électoral américain obsolète, ce changement entraînerait un surcroît de travail considérable. Des milliers de bureaux de vote supplémentaires devraient être mis en place, et les électeurs devraient en outre s’attendre à des files d’attente de plusieurs heures.
Certains républicains souhaitent même aller jusqu’à supprimer le comptage automatique des voix. Ce qui signifierait que tous les votes devraient être comptés à la main, et qui prendrait des semaines. Mais Donald Trump ne semble pas vouloir pousser le vice si loin.