Avec son code de conduite sur l’abus de pouvoir, l’évêque de Coire Joseph Maria Bonnemain a fait sensation. Et ce bien au-delà de son diocèse.
Extra muros, l’écho a été globalement tout à fait positif. Mais voilà qu’une forte résistance interne se révèle au grand jour, comme le rapporte la «Schweiz am Wochenende».
Près de 43 ecclésiastiques du cercle sacerdotal de Coire, liés à 80 autres prêtres, refusent de signer le «code de conduite sur la gestion du pouvoir», qui vise principalement à prévenir les agressions sexuelles au sein de l’église, et à remettre certaines règles au goût du jour.
Accusations d’hypocrisie
Prévenir les abus est tout à fait important, explique-t-on du côté du cercle des 43 prêtres, clairement conservateurs. Ces derniers affirment effectivement être en accord avec 95% du contenu du code — qui interdit par exemple les invitations de mineurs —, invoquant le bon ses.
Néanmoins, les opposants estiment que «le code de conduite viole à plusieurs reprises la doctrine et la discipline de l’Eglise catholique. En outre, il conduit à une double morale institutionnalisée, et donc à l’hypocrisie». Selon eux, l’évêque n’aurait «jamais dû signer» ce document. Car il contreviendrait au droit canonique catholique.
L’évêque Bonnemain avait signé le code en avril, avec les sept Églises nationales épiscopales des cantons des Grisons, Zurich, Schwyz, Uri, Nidwald, Obwald et Glaris.
«Les homosexuels ne doivent pas être approuvés»
Sans surprise, c’est la tolérance vis-à-vis de l’homosexualité qui pose problème au groupe d’évêques. Le nouveau texte stipule: «Je renonce à porter des jugements globalement négatifs sur des comportements présumés non bibliques en raison de l’orientation sexuelle.»
Face à cet extrait, les opposants rétorquent: selon le catéchisme basé sur la Bible, «les actes homosexuels ne sont pas dans l’ordre des choses» et «ne doivent en aucun cas être approuvés». Les prêtres estiment que l’enseignement de ce nouveau code serait contraire à leur ligne.
«Implantation de l’idéologie LGBT»
Les 43 prêtres homophobes considèrent également le paragraphe suivant comme problématique: «Je soutiens une personne désirant faire l’outing de son orientation sexuelle.» Un véritable conflit de conscience pour ces prêtres qui veulent s’en tenir à «l’enseignement et à l’ordre non réduits» de l’Eglise.
«Nous regrettons vivement que l’évêque diocésain ait tendu la main à une tentative d’implantation de l’idéologie LGBT dans l’Église, sous le couvert de la prévention des agressions, et qu’il ait ainsi vidé de sa substance la doctrine de foi de l’Eglise», poursuivent les critiques.
L’évêque Bonnemain regrette la discorde, et souhaite se rapprocher de ces prêtres. Dans un communiqué de presse, l’évêché de Coire écrit que l’évêque «prend cette prise de position au sérieux. Toute autre attitude signifierait qu’il ne respecte pas ce groupe de prêtres du diocèse». Il critique toutefois l’interprétation faite du nouveau texte.
(Adaptation par Daniella Gorbunova)