Ils sont au moins 61’027 à penser que «le mariage est l’union naturelle d’un homme et d’une femme». Ce chiffre correspond au nombre de personnes qui ont signé le référendum contre le «mariage pour tous». Le 26 septembre, la population suisse tranchera la question de savoir si les couples de même sexe seront autorisés à se marier.
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L’opposition est emportée par l’UDC et l’UDF (Union démocratique fédérale). Ces partis conservateurs de droite sont particulièrement mécontents d’un paragraphe sur le don de sperme pour les couples de lesbiennes. Cette disposition légale violerait la constitution. En outre, selon la page d’accueil de l’UDF, le mariage gay contreviendrait aux «idéaux bibliques d’un mariage à vie entre un homme et une femme, qui est la meilleure base pour élever des enfants».
Résistance au nom de l’enfant
Cette référence chrétienne est toutefois loin de susciter l’unanimité au sein des chrétiens. Le thème du mariage homosexuel est source de débats intenses parmi les institutions ecclésiastiques et les milieux des croyants en Suisse, y compris au sein du parti évangélique suisse (PEV).
La posture officielle du parti est de s’opposer au mariage gay. Le bat blesse ici aussi en ce qui concerne le don de sperme: «Nous avons une grande compréhension pour les couples de même sexe et leur désir d’égalité des droits», déclare le secrétaire général du parti, Roman Rutz, à Blick. «Mais dès que des enfants sont impliqués, il faut faire attention», dit-il. Le don de sperme pour les lesbiennes créerait des problèmes d’identité pour des enfants. «Il manquera à ces enfants non seulement un père biologique, mais aussi un père social», déplore Roman Rutz.
Le Parti évangélique divisé
Il y a toutefois des dissensions au sein des milieux protestants et évangéliques. Un pasteur zurichois, Michael Wiesmann, s’inscrit en faux avec la posture du parti, comme il l’a écrit sur le média en ligne réformé ref.ch. La position du PEV serait idéologique et non objective, à l’instar de la très conservatrice UDF.
Même les membres les plus éminents ne sont pas satisfaits de la position du parti. Le conseiller national zurichois évangélique Nik Gugger s’était déjà prononcé en faveur du mariage gay en 2019 à la télévision alémanique. «Pour moi, être chrétien signifie traiter les autres êtres humains avec amour et respect.» Il respectera toutefois la ligne fixée par son parti, confirme-t-il à Blick.
Dominic Täuber, co-président des Jeunes évangéliques, ne souhaite pas commenter publiquement la campagne du référendum. Toutefois, il ressort clairement de son profil Smartvote qu’il se satisferait d’un vote positif le 26 septembre. «Dans un parti qui se situe au centre du spectre politique, ces questions sont toujours discutées de manière controversée», commente le secrétaire général Roman Rutz.
L’Église catholique suit la ligne du Vatican
Au sein des églises, la question se pose également. L’Église catholique tente le plus que possible de se mêler à la discussion, en soulignant de prime abord que le texte ne concernait que le mariage en droit civil. Mais la Conférence des évêques suisses (CES) a finalement opté pour l’alignement à la doctrine du Vatican, en choisissant de s’opposer au mariage gay, «dans l’intérêt supérieur de l’enfant.»
Bien qu’elle affirme s’opposer à la discrimination des personnes homosexuelles, la Conférence des évêques voit une différence entre la discrimination et la différenciation. Puisque les couples de même sexe ne peuvent pas concevoir d’enfants naturellement, la CES ne peut pas soutenir le mariage pour tous.
La Fédération des femmes catholiques en faveur de l’égalité des sexes
En deçà de la toute-puissante Conférence, le consensus se craquelle. Franziska Driessen-Reding, présidente du Conseil synodal de Zurich, c’est-à-dire l’organe exécutif des catholiques du canton, soutient publiquement le mariage gay. La Fédération suisse des femmes catholiques (FSC) appelle depuis des années à une plus grande ouverture de l’église en la matière.
«Du point de vue de la Fédération catholique des femmes, l’homosexualité fait clairement partie de la création divine», explique la porte-parole Sarah Paciarelli. Le mariage pour tous permettrait ainsi non seulement d’éliminer une inégalité de traitement injustifiée, mais aussi de renforcer la famille: «Après tout, c’est une réalité que les familles arc-en-ciel existent depuis longtemps en Suisse». Avec un Oui au mariage pour tous, le lien entre les enfants et les personnes qui s’en occupent réellement pourrait enfin être légalement garanti. Sarah Paciarelli pense que c’est une erreur pour l’Eglise de vouloir protéger la famille par des interdictions.
Réformés plus libéraux
L’Église protestante réformée est tout aussi libérale. En 2019 déjà, la Fédération des Églises protestantes de Suisse (FEPS) avait exprimé son soutien au mariage civil pour tous. Si le projet de loi est adopté, les couples de même sexe pourront bientôt se rendre à l’autel dans certaines Églises réformées. La FEPS encourage d’ailleurs ses Églises membres de célébrer de tels mariages.
En ce qui concerne les églises évangéliques, leur organisation faîtière refuse le mariage aux homosexuels. «Le mariage entre un homme et une femme conserve une désignation distincte», indique le texte, en faisant référence au bien-être de l’enfant. Les Églises libres considèrent également la médecine reproductive avec inquiétude.