Il revient de son exil au Qatar
Le numéro deux des talibans revient en Afghanistan

Quelques jours après la prise de pouvoir des talibans, des signes de changement sont déjà visibles en Afghanistan. Le numéro deux du mouvement, en exil au Qatar, a atterri dans le pays. Quant à l'armée américaine, elle maintient son contrôle sur l'aéroport de Kaboul.
Publié: 18.08.2021 à 06:59 heures
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Dernière mise à jour: 18.08.2021 à 07:03 heures
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Le mollah Abdul Ghani Baradar était jusqu'à présent en exil au Qatar.
Photo: AFP

Le cofondateur des talibans, Abdul Ghani Baradar, est rentré mardi en Afghanistan à peine deux jours après la prise du pouvoir. Les nouveaux maîtres du pays ont assuré que leurs adversaires seraient pardonnés et les femmes respectées «selon les principes de l'islam».

Face à ce discours, plusieurs pays, dont la Chine et la Russie, qui n'ont pas fermé leurs ambassades, ont indiqué leur volonté de normaliser les relations avec les talibans.

Le mollah Abdul Ghani Baradar, numéro deux des talibans, qui dirigeait depuis le Qatar le bureau politique du mouvement, devrait être appelé à de hautes fonctions. «Une délégation de haut niveau menée par le mollah Baradar a atteint notre pays tant aimé et atterri à l'aéroport de Kandahar» (sud de l'Afghanistan), a tweeté un porte-parole des talibans.

Présence américaine maintenue à l'aéroport de Kaboul

Pour leur part, les Etats-Unis se sont dits prêts mardi à maintenir leur présence diplomatique à l'aéroport de Kaboul après la date limite de retrait fixée au 31 août si les conditions le permettent. «Si la situation est sûre, et si c'est responsable pour nous de rester plus longtemps, nous pourrions envisager cela», a déclaré le porte-parole de la diplomatie américaine Ned Price.

Lors de leur première conférence de presse à Kaboul, les talibans ont assuré que leurs adversaires seraient pardonnés. «La guerre est terminée, le leader des talibans a pardonné tout le monde», a dit leur porte-parole Zabihullah Mujahid. «Nous nous engageons à laisser les femmes travailler dans le respect des principes de l'islam.»

Ils avaient auparavant annoncé une «amnistie générale» pour tous les fonctionnaires d'Etat, appelant chacun à reprendre ses «habitudes de vie en pleine confiance».

Commentant ces engagements, Ned Price a déclaré: «Si les talibans disent qu'ils vont respecter les droits de leurs citoyens, nous attendrons d'eux qu'ils tiennent cet engagement».

La télévision d'Etat diffuse des programmes islamiques

A Kaboul, des magasins ont rouvert, le trafic automobile a repris et des policiers réglaient la circulation, les talibans tenant des postes de contrôle.

Mais des signes montraient que la vie ne serait plus celle d'hier. Les hommes ont troqué leurs vêtements occidentaux pour le shalwar kameez — ample habit traditionnel afghan — et la télévision d'Etat diffuse désormais essentiellement des programmes islamiques. Les écoles et universités de la capitale restent fermées.

«Les talibans patrouillent la ville en petits convois»

Depuis qu'ils sont entrés dans la ville dimanche, après une fulgurante offensive leur ayant permis en dix jours de contrôler quasiment tout le pays, les talibans ont multiplié les gestes d'apaisement à l'égard de la population.

Mais pour nombre d'Afghans, la confiance sera dure à gagner. Du temps où ils étaient au pouvoir (1996-2001), les talibans avaient imposé une version ultra-rigoriste de la loi islamique. Les femmes ne pouvaient ni travailler ni étudier, et voleurs et meurtriers encouraient de terribles châtiments.

«Les gens ont peur de l'inconnu», confie un commerçant de Kaboul. «Les talibans patrouillent la ville en petits convois. Ils n'importunent personne mais, bien sûr, les gens ont peur.»

Des «restes humains» dans le train d'atterrissage

Très critiqué, le président américain Joe Biden a défendu la décision de retirer les troupes américaines, malgré les scènes de détresse lundi à l'aéroport de Kaboul où des milliers de personnes tentaient de fuir. «Je suis profondément attristé par la situation mais je ne regrette pas» la décision de retirer les forces américaines, a déclaré Joe Biden.

Le triomphe des talibans a déclenché une panique monstre à l'aéroport de Kaboul. Une marée humaine s'est précipitée lundi vers ce qui est la seule porte de sortie de l'Afghanistan. L'armée américaine a découvert mardi des «restes humains» dans le train d'atterrissage d'un avion militaire pris d'assaut la veille par des Afghans paniqués, selon l'armée de l'air, qui a ouvert une enquête.

Washington a envoyé 6000 militaires pour sécuriser l'aéroport et faire partir quelque 30'000 Américains et civils afghans ayant coopéré avec les Etats-Unis. De nombreux pays s'activaient également mardi pour rapatrier leurs ressortissants. La Suisse avait elle encore 28 ressortissants présents dans le pays.

Et le gouvernement britannique a annoncé dans la soirée un dispositif destiné à accueillir «à long terme» 20'000 réfugiés afghans, dont 5000 la première année, à la veille d'une session extraordinaire du Parlement consacrée à la crise an Afghanistan.

(ATS)

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