«Il n'y a pas eu de fuite»
Une chercheuse étrangère à Wuhan dément les accusations

L'Institut de virologie de Wuhan nie toute responsabilité dans la pandémie de Covid. Il est soutenu par une virologiste de renom, Danielle Anderson, qui raconte ses expériences dans le laboratoire de haute sécurité chinois.
Publié: 03.07.2021 à 06:11 heures
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Dernière mise à jour: 03.07.2021 à 09:03 heures
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Le laboratoire de haute sécurité de l'Institut de virologie de Wuhan.
Photo: AFP
Fabienne Kinzelmann

L’origine du coronavirus reste mystérieuse, un an et demi après le début de la pandémie. Si les théories du complot les plus folles circulent, les rumeurs d’un accident de laboratoire ont été considérées avec plus de sérieux, au point que le président américain Joe Biden a même appelé à une enquête afin de démêler le vrai du faux. Les services de renseignements se penchent donc sur l’hypothèse d’une fuite d’un coronavirus du laboratoire.

Ces accusations mettent en rage la Chine, tandis que le célèbre Institut de virologie de Wuhan se bat pour sa réputation. En effet, les États-Unis remettent ainsi en doute la sécurité du laboratoire et accusent les scientifiques d’avoir pris part à des recherches controversées au cours desquelles des virus ont été manipulés.

L’une de ces scientifiques est sortie cette semaine du bois: la virologue Danielle Anderson, qui revient sur les accusations portées contre ses confrères. L’Australienne travaillait dans le laboratoire peu avant l’épidémie de Covid, en tant que seule et unique étrangère jusqu’à présent.

«C’était un laboratoire normal»

Dans une interview accordée au site américain «Bloomberg», l’experte en virus de chauve-souris décrit des travaux de «routine» et un quotidien bien différents de ce que les médias ont dépeint.

«Ce n’était pas ennuyeux là-bas, mais c’était un laboratoire normal qui fonctionnait comme n’importe quel autre laboratoire de haute sécurité», a déclaré Danielle Anderson. «Ce que les gens disent n’est tout simplement pas vrai.»

Selon un article de Bloomberg, Danielle Anderson est la seule scientifique étrangère à ce jour à avoir mené des recherches dans le laboratoire de niveau de sécurité biologique 4 de l’Institut de virologie de Wuhan. Ce dernier est le premier laboratoire en Chine continentale équipé pour manipuler les agents pathogènes les plus mortels de la planète.

Elle avait de bons rapports avec ses collègues de Wuhan

La chercheuse australienne travaillait avec ses homologues de Wuhan depuis 2016, son dernier passage s’est terminé en novembre 2019. C’est justement la période durant laquelle les experts estiment que le virus a commencé à se propager. Danielle Anderson connaît donc les travaux de ce centre de recherches vieux de 65 ans comme probablement personne d’autre parmi les chercheurs occidentaux.

Selon ses propres dires, Danielle Anderson faisait partie d’un groupe qui se réunissait tous les matins à l’Académie chinoise des sciences pour prendre le bus qui les emmenait à l’Institut, à une bonne trentaine de kilomètres de là. Comme elle était la seule étrangère, elle n’est pas passée inaperçue dit-elle à «Bloomberg».

«Nous sommes allés déjeuner ensemble, nous nous sommes vus en dehors du laboratoire».

Le laboratoire l’a «impressionnée» dès le début: le bâtiment en béton de type bunker a obtenu le plus haut niveau de biosécurité, précise-t-elle. «L’air, l’eau et les déchets sont filtrés et stérilisés avant de quitter l’établissement. Il existe des protocoles et des exigences stricts pour tenir les agents pathogènes à distance.»

Un chercheur plaide pour une enquête sur un accident de laboratoire

Selon Danielle Anderson, les chercheurs ont suivi 45 heures de formation afin d’être certifiés pour travailler de manière indépendante dans le laboratoire et ont dû prouver leurs compétences, notamment dans l’utilisation des combinaisons pressurisées. «C’était très, très complet», dit Danielle Anderson à propos de la formation.

Même l’entrée et la sortie du laboratoire se faisaient dans les règles de l’art, dit-elle. Elle a même adopté une méthode personnalisée pour fabriquer un désinfectant pour son propre laboratoire, dit-elle.

La chercheuse ne dément pas qu’il est théoriquement possible que le virus se soit «échappé» du laboratoire et préconise une enquête approfondie, même si elle estime qu’une fuite est extrêmement improbable.

Elle déclare pourtant qu’elle ne connaît personne à l’Institut de Wuhan qui aurait été malade vers la fin de l’année 2019. «Si des gens étaient malades, je suppose que j’aurais été malade moi-même – et je ne l’ai pas été. J’ai été testée pour le Covid à Singapour avant d’être vaccinée et je ne l’avais jamais eu.»

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