Les grands noms de l'économie américaine sont mécontents du président américain Joe Biden. Selon eux, le démocrate s'immisce trop dans la fixation des prix des groupes pharmaceutiques, impose de nouvelles exigences climatiques aux entreprises énergétiques et n'arrive pas à tenir en laisse les géants de la Silicon Valley. Le constat semble faire consensus au sein de l'économie américaine. A cela s'ajoute le projet de Biden d'augmenter les impôts sur les entreprises.
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Dans ce contexte, l'ex-président, millionnaire et candidat républicain à la présidence Donald Trump ne peut s'empêcher d'y voir une opportunité. Il a ses propres idées sur la manière dont les impôts doivent être gérés aux Etats-Unis – et espère ainsi s'assurer les faveurs des grands acteurs économiques. Car selon un sondage de «The Economist», les grands CEO ne font plus confiance à Trump. Il est donc urgent pour lui de les rallier à sa cause. Mais jusqu'à présent, les tentatives de Trump pour se rapprocher de l'élite financière se sont complètement retournées contre lui!
«Trump n'a aucune idée de l'économie»
Ainsi, lors d'une rencontre de haut niveau avec des représentants de l'économie la semaine dernière, Trump a proposé d'abaisser le taux d'imposition des entreprises de 21 à 20%. Mais au lieu d'être applaudi, le Républicain n'a reçu que des critiques pour cette proposition – de la part des représentants de l'économie et des médias. Plusieurs sources anonymes, rapportées par le «New York Times», estimeraient même que Trump n'aurait «aucune idée de l'économie». Aïe!
En effet, l'ancien président américain souhaite compenser les taxes manquantes par des droits de douane plus élevés sur les importations. Une proposition qui a rapidement suscité des critiques. Après tout, la dernière fois que les recettes des droits de douane à l'importation ont été une source de revenus importante pour les Etats-Unis, c'était en 1914, il y a plus de 100 ans, écrit le «Frankfurter Allgemeine Zeitung». De plus, une telle réforme déclencherait une guerre commerciale avec des partenaires importants. Les entreprises répercuteraient alors tout simplement sur les consommateurs les coûts qui en résulteraient. Cela heurterait évidemment les électeurs américains.
Les contribuables américains sont de toute façon déjà mécontents de la politique fiscale de Trump. Lors de son dernier mandat (2016-2020), Trump avait déjà mis en œuvre une réforme fiscale. Le controversé «Tax Cuts and Jobs Act» de 2017 a été la plus grande réduction de l'impôt sur les sociétés de l'histoire des États-Unis. Elle a fait passer le taux d'imposition des bénéfices des entreprises de 35 à 21% et a donné des possibilités d'amortissement supplémentaires. Certes, cette réforme a augmenté les investissements, comme le montre une étude de Harvard. Dans le même temps, le manque à gagner au niveau de l'impôt sur les sociétés n'a pas été compensé, ce qui a massivement grevé le déficit budgétaire des Etats-Unis.
Biden obtient un avantage décisif grâce à Trump
Trump a-t-il donc marqué un but contre son camp avec sa nouvelle proposition? Il semblerait bien que cela soit le cas – et les démocrates en profitent pour massacrer sa proposition. Un tel système rendrait le coût de la vie inabordable pour de nombreux Américains, a commenté la ministre des Finances et ancienne présidente de la banque centrale Janet Yellen. Larry Summers, ministre des Finances sous Bill Clinton, a parlé de la pire proposition économique de l'histoire américaine.
Et même dans les cercles républicains, l'idée de Trump suscite des résistances. «Je ne sais pas si c'est une bonne idée», a par exemple déclaré Chip Roy à «NBC News». Le républicain représente l'État américain du Texas à la Chambre des représentants depuis le 1er juillet 2019. Trump, en revanche, assume sa décision: «Tout va bien, tout est positif», a-t-il annoncé sur «Truth Social» après sa réunion ratée à Washington. Il a également toutes les raisons d'espérer. Sous lui, l'économie américaine se portait mieux que sous Biden. Mais s'il parvient à faire passer sa réforme fiscale, cela pourrait rapidement changer.