A quelques mois de la présidentielle, Joe Biden a annoncé mardi des mesures de régularisation qui pourraient bénéficier à des centaines de milliers de personnes, des annonces aussitôt condamnées par son rival républicain Donald Trump. «Nous pouvons à la fois sécuriser la frontière (avec le Mexique) et fournir des voies légales d'immigration», a dit le président américain, candidat à un second mandat, dans un discours à la Maison Blanche.
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Trump accusé d'alimenter les «peurs» des Américains
Le démocrate de 81 ans en a profité pour critiquer son prédécesseur, l'accusant d'alimenter les «peurs» des Américains et jugeant «scandaleux» de dire, comme le milliardaire républicain de 78 ans l'a fait, que les migrants étaient des «animaux» qui «empoisonnent le sang» du pays.
Donald Trump, en campagne dans le Wisconsin (nord), a lui assuré que s'il était élu en novembre, ce «projet d'amnistie illégal (serait) déchiré et jeté dès le premier jour», pendant que ses partisans clamaient, à l'intention des migrants en situation irrégulière, «Virons-les! Virons-les!».
L'équipe de campagne du républicain, qui promet des expulsions massives en cas de victoire électorale, a elle assuré que les mesures annoncées mardi allaient «sans aucun doute alimenter la criminalité des migrants» ou encore «voler les avantages sociaux des seniors américains».
L'immigration, thème central de la présidentielle
L'immigration est un sujet majeur de la campagne pour les élections présidentielle et législatives de novembre aux Etats-Unis. C'est aussi un thème politiquement délicat pour le président démocrate, régulièrement accusé de laxisme en la matière par celui qu'il affrontera lors de l'élection de novembre, son prédécesseur républicain Donald Trump, à la rhétorique anti-immigration très virulente. Joe Biden a récemment annoncé un très net durcissement de sa politique migratoire, pour faire face aux arrivées à la frontière avec le Mexique.
Mais le démocrate de 81 ans, soucieux de se distinguer de son prédécesseur, vante dans le même temps les bienfaits d'une immigration régulée et «humaine», passant par des mesures telles que celles annoncées mardi.
Le gouvernement américain va faciliter la délivrance de permis de séjour permanent – la fameuse «carte verte» – et de permis de travail aux conjoints et conjointes immigrés de citoyens américains et à leurs enfants. Les personnes résidant depuis au moins dix ans aux Etats-Unis, et mariés à un citoyen ou une citoyenne américaine, pourront à l'avenir engager une démarche de régularisation sans devoir quitter au préalable le territoire américain, comme c'était jusqu'ici le cas.
Manoeuvre «électoraliste»
Selon les calculs du gouvernement Biden, les personnes qui seront éligibles résident en moyenne depuis 23 ans aux Etats-Unis. «Cette mesure va protéger environ un demi-million de conjoints et de conjointes de citoyens américains, et environ 50'000 enfants immigrés âgés de moins de 21 ans», selon la Maison Blanche. L'annonce a immédiatement suscité de vives critiques du Parti républicain.
L'élue de la droite radicale Marjorie Taylor Greene a dénoncé une manoeuvre «électoraliste», tandis que le républicain Josh Brecheen, qui représente l'Etat de l'Oklahoma, a estimé que «d'un coup de crayon, le président Biden protégeait 550'000 illégaux de l'expulsion» dans l'espoir de «récolter les voix» des membres des familles concernées en novembre.
Joe Biden veut par ailleurs accélérer la procédure de visas de travail pour certains immigrés ayant obtenu un diplôme de l'enseignement supérieur aux Etats-Unis et ayant reçu une offre d'emploi dans le pays. Cette décision s'appliquera en particulier aux bénéficiaires d'un programme protégeant les mineurs immigrés, mis en place en 2012 quand Barack Obama était président et dont Joe Biden va célébrer le douzième anniversaire mardi à la Maison Blanche.
L'équipe de campagne du démocrate s'est d'ailleurs appuyée sur cet anniversaire pour diffuser une vidéo dans laquelle des bénéficiaires de ce programme, connus aux Etats-Unis sous le nom de «Dreamers», attaquent en anglais et en espagnol les positions anti-immigration de Donald Trump.