Des millions de personnes fuient l’Ukraine en guerre. En Suisse, de plus en plus de réfugiés arrivent dans le pays, à raison de 500 à 1000 par jour. Samedi, plus de 15’300 personnes s’étaient déjà enregistrées dans les centres d’asile fédéraux. Les autorités s’attendent à un nombre allant jusqu’à 60’000 pour le début de l’été.
Ces dernières sont plus que sollicitées, surtout en ce qui concerne l’hébergement. Le nombre de lits dans les centres d’asile de la Confédération a été augmenté: il y en a désormais 9000. Mais selon les estimations du Secrétariat d’État aux migrations (SEM), il faudrait encore 2000 à 3000 places supplémentaires pour assurer l’accueil de tous les réfugiés ukrainiens.
Ce sont surtout les cantons et les communes qui recherchent activement des possibilités d’hébergement supplémentaires. Des maisons de retraite désaffectées, des hôtels, des gymnases, des installations de protection civile et même des hôpitaux sont préparés pour l’arrivée des réfugiés. À cela s’ajoutent des dizaines de milliers de ménages qui souhaitent en accueillir.
Les places d’hébergement deviennent rares
Selon les informations de SonntagsBlick, la situation varie d’un canton à l’autre et certains atteignent déjà leurs limites. À Genève, où se trouvent actuellement environ 500 personnes en provenance d’Ukraine, les places d’hébergement pourraient devenir une «denrée rare dans les semaines à venir».
Le canton de Berne s’attend à accueillir jusqu’à 30’000 réfugiés dans les prochains mois. Près de 2200 sont déjà enregistrés. Dans certains cantons, la situation vire à la confusion. Dans le canton plus peuplé de Suisse, l’on voit à quel point la situation est confuse: Zurich ne peut actuellement donner aucune indication sur le nombre ou sur la situation de l’hébergement des réfugiés.
«Au total, les cantons ont créé ces derniers jours 7500 nouvelles places pour les réfugiés d’Ukraine», explique Gaby Szöllösy, secrétaire générale de la Conférence des directrices et directeurs cantonaux des affaires sociales (CDAS).
Les petits cantons débordés
Certains petits cantons dont les capacités d’hébergement sont limitées se retrouvent vite débordés. À Nidwald par exemple, les autorités parlent d’une «course contre la montre», car les places se font rares. Environ 70 personnes ont pu être hébergées.
À Appenzell Rhodes-Extérieures, 50 enfants ont été placés dans des foyers, 170 personnes sont déjà hébergées au Village d’enfants Pestalozzi et 170 autres personnes vivent dans des familles d’accueil privées.
Des capacités baissées ces dernières années
Dans presque tous les cantons, plus de la moitié des réfugiés ont trouvé refuge chez des particuliers. Marcel Suter, président de l’Association des services cantonaux de migration, déclare «être très heureux de constater chaque offre privée». Actuellement, plus de 28’400 ménages et 570 hôtels en Suisse ont offert près de 105’000 lits aux réfugiés ukrainiens.
La raison pour laquelle les capacités sont déjà épuisées dans certains cantons est à chercher dans le passé. Comme le nombre de demandes d’asile n’a cessé de baisser ces dernières années, certains cantons ont vendu des immeubles destinés aux requérants, résilié des contrats de location et réduit leur personnel. «Cela devient maintenant un défi pour certains cantons», témoigne Marcel Suter.
Des fissures dans la solidarité
Pendant ce temps, les premières fissures apparaissent dans la solidarité avec les nouveaux arrivants. Dans le Jura, des réfugiés ukrainiens ont dû être déplacés en raison de tensions avec les familles d’accueil. Bâle-Campagne avoue que les bénévoles ne sont souvent pas conscients de ce qui les attend. Dans le canton d’Argovie, les familles d’accueil sont de plus en plus nombreuses à demander que les réfugiés de guerre ukrainiens soient «rapidement réintégrés dans les structures cantonales».
Dans le même temps, seuls quelques cantons ont décidé de soutenir financièrement les familles d’accueil. Bâle-Ville, par exemple, verse 250 francs à chaque ménage accueillant un réfugié. La plupart des cantons indiquent qu’un soutien est certes à l’ordre du jour, mais qu’il n’est pas encore «institutionnalisé». Dans certains cas, ce sont les communes qui décident des allocations. C’est le cas de Zurich.
Un allègement financier pour les cantons a cependant déjà été décidé. Vendredi, on a appris que la Confédération verserait 3000 francs pour des cours de langue en plus du forfait global de 18’000 francs par an et par personne réfugiée.
(Adaptation par Alexandre Cudré)