Cette déclaration rejoint celle d'autres responsables russes ces dernières semaines qui laissent entendre que la Russie prépare une occupation durable voire une annexion des zones du sud de l'Ukraine qu'elle contrôle, la région de Kherson et une importante partie de celle de Zaporijjia.
«Si le système énergétique de l'Ukraine est prêt à prendre et payer, alors (la centrale) pourra tourner pour l'Ukraine. Si (l'Ukraine) n'accepte pas, alors (la centrale) tournera pour la Russie», a déclaré M. Khousnoulline, lors d'un déplacement mercredi sur le site de l'installation nucléaire, ont rapporté les agences russes.
«Nous avons une grande expérience des centrales nucléaires, nous avons des entreprises en Russie qui ont cette expérience, il n'y a aucun doute que (celle de Zaporijjia) continuera de travailler», a-t-il dit.
«Pas de capacité technique»
L'agence nucléaire ukrainienne Energoatom assurait jeudi matin que la centrale approvisionnait toujours l'Ukraine en électricité. Les Russes «n'ont pas la capacité technique de fournir de l'énergie depuis la centrale nucléaire de Zaporijjia», a déclaré à l'AFP un porte-parole, Leonid Oliynyk.
«Cela requiert du temps et de l'argent. C'est comme construire un pont en Crimée. Et dans un mois ou deux, nous reprendrons tout sous contrôle ukrainien», a-t-il poursuivi.
Selon le porte-parole, «personne ne va rien leur acheter non plus». Il a par ailleurs assuré que les Russes n'avaient pas la capacité de couper l'électricité aux régions de l'Ukraine n'étant pas sous contrôle russe. «Tous les équipements nécessaires sont sous contrôle ukrainien», a-t-il affirmé.
En 2021, soit avant l'offensive russe contre l'Ukraine, la centrale représentait 20% de la production annuelle ukrainienne d'électricité et 47% de celle produite par le parc nucléaire ukrainien.
L'annexion, une option
Les forces de Moscou ont pris le contrôle début mars de cette centrale située dans la ville d'Energodar, dans le sud de l'Ukraine, séparée par les eaux du Dniepr de la capitale régionale Zaporijjia, toujours elle sous contrôle ukrainien.
Les affrontements qui s'y sont déroulés dans les premiers jours du conflit ont laissé craindre une possible catastrophe nucléaire dans le pays où a explosé un réacteur en 1986 à Tchernobyl.
Marat Khousnoulline a en outre affirmé que la Russie était là pour rester, laissant entendre que l'annexion était une option. «Je considère que l'avenir de cette région est de travailler au sein de l'amicale famille russe. C'est pour ça que je suis venu, afin d'aider au maximum à l'intégration», a-t-il dit.
Des responsables russes et les autorités pro-russes mises en place par Moscou ont aussi dit la semaine dernière que la région de Kherson allait très probablement être annexée par la Russie.
Le contrôle par la Russie du littoral de la mer d'Azov (Kherson, Zaporijjia et Donestk) y compris le port de Marioupol, permet de constituer un pont terrestre pour relier le territoire russe à la péninsule de Crimée qu'elle a annexé en 2014. En lançant son offensive, Vladimir Poutine avait assuré que la Russie n'allait pas occuper de territoires ukrainiens. (AFP)