Fermeture de toutes les mosquées. Interdiction du Coran. Fermeture des frontières aux migrants. Pas de livraison d'armes à l'Ukraine. Abolition de la loi sur le climat. Et moins de pouvoir pour l'UE. Les objectifs souvent limites de Geert Wilders ont touché une corde sensible chez de nombreux électeurs fin novembre 2023. Lors des élections législatives anticipées, une personne sur quatre a donné sa voix au politicien d'extrême droite. Le parti de Geert Wilders est désormais le groupe parlementaire le plus important du pays et revendique 37 des 150 sièges du Parlement. Mais il lui manque des partenaires de coalition pour gouverner. Le chaos institutionnel menace donc aux Pays-Bas.
Trois mois après son triomphe électoral surprise, Geert Wilders ne peut encore mettre en œuvre aucune de ses promesses électorales. Si l'eurosceptique ne parvient pas à former une coalition de centre-droit, il pourrait même perdre son poste de Premier ministre.
«Geert Wilders ne peut pas être le Premier ministre de tous les Néerlandais»
Le grand problème de Geert Wilders: à part le «Mouvement des paysans et des citoyens» (BBB), qui ne dispose que de sept mandats au Parlement, personne ne veut vraiment pactiser avec le «Parti pour la liberté» (PVV) de Geert Wilders. Le médiateur Ronald Plasterk a mené inlassablement des discussions avec Dilan Yesilgöz du «Parti pour la liberté et la démocratie» (VVD) et avec Pieter Omtzigt, chef du parti conservateur «Nouveau contrat social» (NSC). Celui-ci a obtenu d'emblée 20 sièges à la Chambre basse alors qu'il vient d'être créé.
Début février, le chef du NSC Pieter Omtzigt a interrompu les discussions. Le médiateur Ronald Plasterk a également cessé sa médiation. Motif: une grande partie du programme politique de Wilders est contraire à l'Etat de droit et à la Constitution. Personne ne veut s'y brûler les doigts. La plupart des projets de Geert Wilders sont si indéfendables juridiquement qu'ils ne passeraient pas devant un tribunal, explique le juriste Thomas van Houwelingen-Boer à Blick. «Geert Wilders promet certes de geler ces sujets pour le moment, mais ils font partie de sa politique. Il ne peut pas être le Premier ministre de tous les Néerlandais. C'est pourquoi il devra peut-être renoncer à ce poste et le laisser à un partenaire de coalition», poursuit le juriste.
Une coalition anti-Wilders serait également possible
Les partenaires de négociation ne cessent de lancer de nouvelles propositions sur le ring. Le VVD soutiendrait par exemple un cabinet minoritaire. Un gouvernement d'experts extraparlementaires serait également une option.
Mais une idée de solution complétement différente flotte également dans l'air: les partis restants se rassemblent pour former une coalition anti-Wilders, ce qui renverrait le populiste de droite dans le camp de l'opposition. Mais personne ne veut de nouvelles élections.
Geert Wilders a entre-temps désigné un nouveau négociateur, en la personne de l'ancien sénateur Kim Putters. Mais ce dernier a, lui aussi, besoin d'une recette magique pour réussir la délicate formation d'une coalition. A la fin de cette semaine, le haut fonctionnaire ira la chercher auprès de l'expert politique Claes de Vreese, un professeur danois de l'université d'Amsterdam. Dans son pays, les coalitions minoritaires sont toujours au pouvoir.
Les Néerlandais risquent en tout cas de vivre un chaos politique pendant plusieurs mois. Rien de nouveau pour ce peuple de 18 millions d'habitants. La formation du dernier cabinet Rutte a duré 299 jours. Avec un brin de nostalgie, certains lorgnent vers la Berne fédérale. Il faudrait regarder au-delà des frontières, suggère l'expert constitutionnel néerlandais Hans Lönchoff dans un commentaire publié dans l'«Aviation Analysis» – en faisant référence au modèle suisse. «Le gouvernement se compose de seulement sept ministres, dont un chef d'État tournant, et de trois ou quatre grands partis», explique Hans Lönchoff. Là-bas, un gouvernement équilibré serait rapidement formé.