Les funérailles d'Ebrahim Raïssi ont rassemblé une foule immense à Téhéran. Après son décès dans un crash d'hélicoptère, le président iranien a été célébré comme un «martyr».
«Un million d'adieux», a affirmé la télévision d'Etat en saluant le nombre de personnes réunies dans le centre de la capitale. Aucune estimation indépendante n'était disponible.
«Je suis triste. Je suis venue pour apaiser mon coeur», a témoigné Maryam, une enseignante de 41 ans portant le tchador et arrivée avec son mari et son fils d'une ville située au sud de Téhéran.
Succession d'hommages
En ce jour déclaré férié, les cérémonies ont débuté par une prière dirigée par le guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, qui s'est prosterné devant les cercueils des huit hommes tués dans le crash, dont le chef de la diplomatie Hossein Amir-Abdollahian.
Avec Ebrahim Raïssi, «nous avons perdu une personnalité marquante. C'était un très bon frère. Un fonctionnaire efficace, compétent, sincère et sérieux», a-t-il ensuite déclaré, en recevant le Premier ministre irakien Mohamed Shia al-Sudani, l'une des personnalités étrangères venues pour l'occasion.
A la prière, la plus haute autorité de la République islamique était entourée par les principaux membres du clergé chiite, les membres du gouvernement parmi lesquels le président par intérim Mohammad Mokhber, et les hauts gradés de l'armée et des Gardiens de la révolution.
Dirigeants du Hamas également présents
Etaient également présents le chef politique du mouvement islamiste palestinien Hamas, Ismaïl Haniyeh, et le numéro deux du Hezbollah libanais, Naïm Qassem.
Malgré la disparition de Raïssi, «nous sommes persuadés que la République islamique d'Iran poursuivra son soutien au peuple palestinien», a déclaré Ismaïl Haniyeh, qui s'est brièvement exprimé juste avant que trois pays européens –l'Espagne, l'Irlande et la Norvège – ne reconnaissent l'Etat palestinien.
Le Hamas et le Hezbollah font partie de «l'axe de la résistance» qui, notamment avec les rebelles yéménites houthis, est soutenu par Téhéran dans le contexte de la guerre dans la bande de Gaza entre le Hamas et Israël.
Portraits et drapeaux
Après la prière, la foule s'est dirigée lentement vers la place Azadi, l'une des plus grandes de la ville désertée par les voitures et où les magasins avaient baissé le rideau. De nombreuses personnes brandissaient des portraits, parfois stylisés et colorés, du président défunt et des drapeaux iraniens, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Les habitants de Téhéran avaient reçu des messages sur leur téléphone les appelant à «assister aux funérailles du martyr».
Ces cérémonies se déroulent selon la tradition des grands rassemblements ayant marqué les 45 premières années de la République islamique, comme celui ayant suivi la mort du général Qassem Soleimani, un haut responsable militaire tué par une frappe américaine en Irak en 2020.
De nombreux et immenses portraits du «martyr» Ebrahim Raïssi ont été suspendus et accrochés dans les lieux publics des principales villes.
Les délégations étrangères seront aussi de la partie
Une cinquantaine de délégations étrangères, notamment russe et turque, devaient être présentes à un hommage organisé dans l'après-midi, la plupart de niveau ministériel.
Les funérailles se termineront jeudi avec l'enterrement du président défunt à Machhad (nord-est), sa ville natale.
Pendant ce temps, les autorités s'activaient pour organiser le processus de remplacement de Ebrahim Raïssi, qui présidait l'Iran depuis 2021.
L'une des tâches du président Mokhber, 68 ans, est ainsi de préparer l'élection présidentielle, qui se tiendra le 28 juin. A ce stade, aucune personnalité politique n'a publiquement déclaré sa candidature.
L'hélicoptère avait brutalement disparu
Ebrahim Raïssi est décédé dans le crash de l'hélicoptère qui l'amenait dimanche vers Tabriz (nord-ouest) après avoir assisté à l'inauguration conjointe d'un barrage avec son homologue azerbaïdjanais, Ilham Aliev, à leur frontière commune.
De difficiles opérations de recherche ont été menées durant une douzaine d'heures dans une région escarpée et boisée avant que les débris de l'hélicoptère ne soient découverts lundi à l'aube.
Les forces armées, qui ont ordonné une enquête sur les causes du drame, ont indiqué mercredi que des drones nationaux avaient été utilisés pour localiser l'hélicoptère, ce que n'a pas réussi à faire un drone doté d'équipements de vision nocturne dépêché par la Turquie.
Présent dans un hélicoptère accompagnant celui du président, le chef de cabinet de Ebrahim Raïssi, Gholam Hossein Esmaili, a raconté que l'appareil avait brutalement disparu sans lancer aucun signal d'alerte.
(AFP)