Au fur et à mesure que l'on s'approche de la place Saint-Pierre, la foule se densifie. Nous ne sommes alors que jeudi, deux jours avant les funérailles du pape François, et le Vatican et Rome semblent déjà pleins à craquer. Alors qu'en sera-t-il samedi?
A l'occasion des funérailles du pape François, quelque 200'000 personnes sont attendues pour la cérémonie sur la place Saint-Pierre. Mais l'Année sainte 2025 aura lieu exactement au même moment et les autorités s'attendent donc à voir débarquer plus d'un million de personnes dans la ville. Même pour les Romains habitués aux touristes, cette situation est exceptionnelle. Pourtant, les habitants semblent accepter la foule avec calme.
La chasse aux places de parking
Luca est réceptionniste dans un hôtel situé à 500 mètres à peine du Vatican. Evidemment, l'établissement est déjà complet. «Bien sûr, nous avons beaucoup à faire ces jours-ci, les clients doivent s'orienter, de nombreux restaurants sont complets. La réception est donc très sollicitée», nous explique le jeune homme. Mais sa ville est bien préparée à accueillir les masses, car elle s'attendait de toute façon à un afflux massif de touristes et de croyants pour célébrer l'année sainte 2025.
Cette année jubilaire a lieu tous les 25 ans et invite les pèlerins du monde entier à un renouveau spirituel. En 2025, l'année jubilaire placée sous la devise «Pèlerins de l'espérance», des millions de croyants sont appelés à se rendre à Rome en pèlerinage.
Là-bas, ils pourront obtenir l'indulgence plénière de leurs péchés en franchissant solennellement les portes saintes des quatre grandes basiliques. Le pape François a voulu faire de cette année jubilaire un signe d'espoir et de paix dans un monde marqué par les crises. «Par conséquent, la ville était déjà bondée avant la mort du pape», raconte Luca.
De nombreux Italiens se rendent aussi à Rome pour assister aux funérailles du pape. «Et ils ne viennent pas en avion ou en train, mais en voiture», explique Luca. Trouver une place de parking à Rome était déjà compliqué, ce sera une mission impossible ces prochains jours. «Ce matin, avant d'aller travailler, j'ai dû chercher une place de parking pendant deux heures. C'est assez énervant», reconnait Luca. Malgré tout, il prend cette situation avec humour. «Ici à Rome, nous avons un proverbe pour ce genre de situation. 'Succede solo quando muore il Papa' – cela n'arrive que lorsque le pape meurt.»
«La dernière fois, c'était pire»
Fiona aussi garde son calme. Elle travaille pour le service de nettoyage de la ville de Rome et balaie les rues. Les nombreux touristes ne la dérangent pas: «c'est une journée tout à fait normale», dit-elle. Les Romains sont habitués aux nombreux touristes. «Quelques-uns de plus ne font pas une grande différence.»
De plus, la capitale sait gérer l'agitation. «La dernière fois, c'était bien pire», se souvient Fiona. Elle se rappelle de la mort du pape Jean-Paul II en 2005. «La ville avait alors vraiment atteint ses limites», raconte-t-elle. «Aujourd'hui, c'est presque calme en comparaison.»
Antonella, l'ambassadrice de la culture
Quelques mètres plus loin, Antonella est en pleine effervescence. Elle travaille dans un bar typiquement romain. «C'est quand même bien qu'autant de personnes viennent ici pour rendre un dernier hommage au pape», dit-elle. Le stress ambiant ne la perturbe pas. «Les gens ont faim et soif, il faut faire vite. Je fais de mon mieux et je garde mon calme.»
Par son travail, Antonella essaie d'être l'ambassadrice de la culture italienne et romaine. Mais elle fait aussi preuve de souplesse et accepte de servir un cappuccino dans l'après-midi car en Italie, consommer un cappuccino après 11 heures du matin est un sacrilège. «Je m'adapte aux touristes. Par contre, j'interviens quand quelqu'un commande une carbonara avec du chocolat chaud, ça me fait trop mal au coeur», s'amuse la femme en riant à gorge déployée. «Un peu d'éducation culturelle ne fait pas de mal», ajoute Antonella, avant de servir la table suivante. Avec leur flexibilité légendaire, les Romains semblent donc bien s'accommoder de l'assaut des touristes.