Fuites de plans de guerre
Un juge ordonne de conserver les messages des proches de Trump sur Signal

Un juge a ordonné jeudi au gouvernement de Donald Trump de conserver les messages de la conversation dans laquelle les lieutenants du président américain parlent de frappes militaires à venir dans une spectaculaire faille de sécurité.
Publié: 28.03.2025 à 03:07 heures
Après la faille de sécurité sur le Yémen, un juge fédéral américain a ordonné jeudi au gouvernement de conserver tous les messages sur Signal du 11 au 15 mars 2025 (image symbolique).
Photo: Kiichiro Sato
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ATS Agence télégraphique suisse

Un juge a ordonné jeudi à l'administration Trump de conserver les messages de la conversation dans laquelle les lieutenants du président américain parlent de frappes militaires à venir dans une spectaculaire faille de sécurité. L'affaire qui secoue Washington depuis lundi a été révélée par un journaliste du magazine «The Atlantic», intégré par erreur à ce groupe de discussion sur l'application chiffrée Signal, où les plus hauts responsables de l'administration évoquent des opérations contre les rebelles houthis du Yemen.

Une association de défense de la transparence, American Oversight, a porté plainte mercredi contre les éminents membres du chat – chef du Pentagone, vice-président ou encore patron de la CIA –, les accusant d'avoir contrevenu à l'obligation d'archiver tout document officiel. L'ONG souligne que les messages apparaissant sur les copies d'écran publiées par le magazine contiennent un symbole prouvant qu'ils allaient s'autodétruire au bout d'un certain temps.

A l'issue d'une audience de référé, un juge fédéral a ordonné à ceux inclus dans la conversation de «faire tout leur possible pour conserver toutes les communications sur Signal du 11 au 15 mars 2025». La première date correspond à la création du groupe par le conseiller à la sécurité nationale Mike Waltz et la seconde aux frappes américaines contre les Houthis du Yémen. 

Trump dénonce une «chasse aux sorcières»

Durant ce temps, le journaliste Jeffrey Goldberg a eu accès aux discussions au plus haut sommet de l'Etat américain sur l'intérêt d'une telle action militaire et ses détails opérationnels. Le juge James Boasberg – déjà vilipendé par Trump pour ses décisions dans une affaire d'expulsions – a demandé jeudi à l'exécutif de montrer d'ici lundi qu'il «a pris des mesures pour une telle conservation». La représentante de l'Etat a assuré qu'elle «travaillait» déjà avec les ministères «pour préserver les documents qu'ils ont».

Alors que Donald Trump a estimé qu'il était «scandaleux» d'avoir attribué le dossier au juge Boasberg, celui-ci a rappelé en début d'audience qu'il avait été désigné de manière aléatoire. Le président républicain n'avait pas supporté la décision du juge fédéral de suspendre des expulsions de membres présumés d'un gang vénézuélien, décidées par l'exécutif en vertu d'une loi d'exception utilisée jusqu'alors uniquement en temps de guerre.

L'opposition démocrate, arguant que la vie de soldats américains aurait pu être mise en danger, réclame la démission du ministre de la Défense Pete Hegseth. Mais le président Donald Trump, qui dénonce une «chasse aux sorcières», a soutenu son ministre. La perspective d'une enquête interne du Pentagone «ne me dérange pas», a-t-il cependant dit mercredi à des journalistes. Son chef de la diplomatie a aussi reconnu une «grosse erreur».

Enquête pénale peu probable

Deux sénateurs américains de poids, un démocrate et un républicain, ont justement demandé jeudi à l'Inspecteur général du Pentagone de «mener une enquête» sur cette stupéfiante faille de sécurité. «S'il est vrai, cet article suscite des interrogations sur l'usage de réseaux non-sécurisés pour parler d'informations confidentielles et secret-défense», écrivent les sénateurs Roger Wicker et Jack Reed dans une lettre.

«Nous n'avons jamais nié que c'était une erreur», a déclaré jeudi la porte-parole de la Maison Blanche, rappelant que Mike Waltz avait assumé publiquement sa «responsabilité» pour avoir ajouté ce journaliste dans cette discussion. Mais il y a peu de chance de voir s'ouvrir une enquête pénale sur l'affaire.

La ministre de la Justice Pam Bondi a assuré qu'il «s'agissait d'informations sensibles mais pas classées secret-défense». «La mission a été un grand succès». Les Houthis affirment que ces frappes américaines, qui visent à mettre un terme aux à leurs attaques contre les navires empruntant les routes commerciales de la mer Rouge, ont fait une cinquantaine de morts et une centaine de blessés.

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