Un drone s'écrase sur la centrale nucléaire de Tchernobyl
0:41
Ukraine:Un drone s'écrase sur la centrale nucléaire de Tchernobyl

Frayeurs radioactives
L'Ukraine accuse la Russie d'avoir frappé l'arche de Tchernobyl

Le président ukrainien Zelensky accuse la Russie d'avoir frappé l'arche de confinement de Tchernobyl avec un drone explosif. L'AIEA confirme une explosion, mais aucune hausse des radiations n'a été constatée.
Publié: 14.02.2025 à 14:42 heures
Dans la nuit du 13 au 14 février, l'équipe de l'AIEA a entendu une explosion provenant de l'arche qui protège les restes du réacteur 4 de l'ancienne centrale nucléaire de Tchernobyl, provoquant un incendie. Crédits: IAEA
Post carré.png
AFP Agence France-Presse

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a accusé vendredi la Russie d'avoir endommagé avec un drone explosif l'arche de confinement de la centrale nucléaire accidentée de Tchernobyl, sans qu'une hausse des radiations soit constatée. Zelensky, rejoint sur ce point par la cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas, y a vu une preuve que selon lui le président russe Vladimir Poutine «ne veut pas la paix».

L'incident intervient en pleine effervescence diplomatique autour de la guerre en Ukraine. Le président américain Donald Trump a rompu le statu quo et l'isolement par l'Occident de Vladimir Poutine en l'appelant mercredi et en proclamant le début de négociations de paix, une initiative qui fait craindre un abandon de l'Ukraine par Washington ou du moins un affaiblissement de sa position.

«La nuit dernière, un drone d'attaque russe équipé d'une ogive hautement explosive a frappé l'enceinte protégeant le monde des radiations du réacteur n°4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl», a indiqué Zelensky sur X, indiquant qu'un incendie avait été «éteint» et que «le niveau de radiations n'a pas augmenté».

L'Agence internationale pour l'énergie atomique (AIEA) a indiqué sur X que son équipe sur place avait entendu «une explosion provenant de l'arche de confinement» et avoir été informé qu'il s'agissait d'un drone.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, sans démentir formellement cette attaque, a assuré que l'armée russe ne visait pas les installations nucléaires. «Je ne dispose pas d'informations précises. Ce que je sais, c'est qu'il ne peut être question de frappe contre telle ou telle infrastructure nucléaire (...) les militaires russes ne font pas ça», a-t-il affirmé.

La guerre continue

Depuis Munich, Zelensky a lui affirmé que cette attaque était «un salut très clair» de Vladimir Poutine. Selon le dirigeant ukrainien, son homologue russe «ne veut pas la paix». «Quand une personne désire avoir un dialogue et mettre fin à la guerre, elle ne fait pas ça», a lancé Zelensky.

La cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas a fait le même analyse en arrivant à la conférence sur la sécurité de Munich. «La guerre continue, aujourd'hui, nous avons vu que la Russie bombarde la centrale nucléaire, ce qui montre clairement qu'elle ne veut pas la paix», a-t-elle affirmé à la presse, jugeant que les Européens «doivent rester fermes et réaliser ce qui est en jeu «.

La structure métallique touchée, inaugurée en 2019, recouvre le réacteur qui a explosé en avril 1986 lors du pire accident nucléaire de l'histoire, et protège un premier sarcophage construit par les Soviétiques et les débris radioactifs qui s'y trouvent. L'explosion a eu lieu vers 01H50 du matin vendredi (23H50 GMT jeudi), selon l'AIEA.

Accusant Moscou d'être «une menace terroriste pour le monde entier», Zelensky a diffusé des images du site, notamment une vidéo de l'explosion et de l'incendie. La déflagration sur ces images a eu lieu à 02H02 (00H02 GMT vendredi).

Sur une des photos, on distingue un trou dans la grande structure métallique et des traces de suie. Des images prises dans les combles de la structure montrent des tôles déchirées et des équipements endommagés. Les autorités ukrainiennes ont indiqué qu'elles allaient informer les Etats-Unis des détails de cette attaque lors de la Conférence de Munich sur la sécurité.

Des craintes de fuites radioactives

L'arche, installée en 2016 puis officiellement mise en service en 2019 après des années de travaux financés par la communauté internationale, recouvre le sarcophage originel construit pour recouvrir le réacteur accidenté et ses débris.

«Le monde entier a investi dans (l'arche), et aujourd'hui, ces idiots de Russes ont lancé un drone contre le refuge», s'est emporté sur Telegram le chef de l'administration présidentielle ukrainienne, Andriï Iermak. La Russie a occupé, au début de son invasion il y a trois ans, le site de la centrale avec des troupes venues du Bélarus voisin, nourrissant les craintes de fuites radioactives ou d'un nouvel accident.

Les troupes russes s'en sont retirées fin mars 2022, lorsque la Russie a été contrainte à la retraite du nord de l'Ukraine après l'échec de son assaut contre la capitale ukrainienne, qui est à moins d'une centaine de kilomètres à vol d'oiseau de la centrale. En mars 2022, la Russie a aussi pris par la force la centrale nucléaire de Zaporijjia, la plus grande d'Europe, dans le sud de l'Ukraine, suscitant là aussi la crainte d'un accident.

Depuis, Russes et Ukrainiens s'accusent régulièrement de mettre en danger le site de Zaporijjia, sous occupation russe, et de faire courir le risque d'une catastrophe nucléaire. Mercredi, Moscou et Kiev se sont encore mutuellement accusées d'attaques qui ont empêché la rotation du personnel de l'AIEA présent à la centrale de Zaporijjia.


Découvrez nos contenus sponsorisés
Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la