Le ministre des Relations avec le Parlement, Patrick Mignola, a accusé vendredi La France insoumise d'«essayer de faire une affaire politique» de l'attitude de François Bayrou face aux accusations d'agressions sexuelles dans l'établissement catholique Notre-Dame de Bétharram, les Insoumis saisissant de leur côté la justice pour «non-dénonciation».
«La France insoumise essaie d'en faire une affaire politique, une affaire politicienne, en mélangeant les dates et en expliquant que puisqu'il aurait pu savoir plus tard, il devait savoir avant», a critiqué Patrick Mignola, qui appartient au MoDem, créé par François Bayrou, sur Franceinfo.
Bayrou aurait été au courant des violences
Le chef du gouvernement est soupçonné par la gauche d'avoir menti à l'Assemblée en affirmant mercredi qu'il n'avait «jamais à cette époque, été averti (...) des faits qui ont donné lieu à des plaintes ou à des signalements». Il était ministre de l'Éducation entre 1993 et 1997, puis député des Pyrénées-Atlantiques et président du conseil général les années suivantes. Certains de ses enfants ont été scolarisés dans cet établissement. Mais il aurait dû, selon l'opposition et des victimes, déclencher l'article 40 du code de procédure pénale qui lui imposait de signaler à la justice des faits dont il aurait eu connaissance.
Le député LFI Jean-François Coulomme, a lui annoncé sur X avoir saisi le «procureur de la cour de Cassation de Paris et la Cour de justice de la République» pour non-dénonciation de mauvais traitements ou d'agressions sexuelles infligés à des mineurs. Son collègue de groupe Paul Vannier a de son côté indiqué qu'il allait écrire à la rectrice de Nouvelle-Aquitaine et au préfet des Pyrénées-Atlantiques pour savoir à la fois si l'établissement avait «fait l'objet d'inspections depuis les années 1950», et si une commission s'était déjà réunie pour statuer sur le contrat d'association liant l'Etat à l'établissement.
Les dates ne correspondent pas
Le parquet de Pau mène l'enquête depuis un an sur plus d'une centaine de plaintes visant des violences physiques, agressions sexuelles et viols qui auraient été commis à Bétharram entre les années 1970 et 1990. En avril 1996, une plainte avait déjà dénoncé les violences physiques d'un surveillant à Bétharram sur un enfant de la classe d'un de ses fils, condamné par la suite. Puis en mai 1998, un prêtre, ancien directeur de l'institution, avait été mis en examen et écroué pour viol.
«Il y a un enchaînement de dates qu'on est en train de mélanger», a affirmé Patrick Mignola. «La réponse qui a été apportée par François Bayrou, c'est 'à cette époque, au moment où je suis ministre de l'Éducation nationale, au moment où mes enfants sont scolarisés, non je n'étais pas au courant'», a-t-il répété. Le juge qui enquête sur le viol de 1998 a relaté dans plusieurs médias que «François Bayrou a fait la démarche de venir le voir lorsque le prêtre était en détention». «Il était inquiet au regard du fait qu'un de ses fils était scolarisé» à Bétharram et «disait qu'il ne pouvait pas croire que le père Carricart avait fait ce qu'on lui reprochait».