Bazar à l'Assemblée
Un député français à deux doigts d'en venir aux mains en plein débat

Débat houleux à l'Assemblée sur la réforme des retraites. La gauche accuse la macronie de sabotage, tandis que LFI promet une revanche lors d'une motion de censure contre le gouvernement Barnier.
Publié: 29.11.2024 à 11:53 heures
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Dernière mise à jour: 29.11.2024 à 12:18 heures
Le député Nicolas Turquois a dû être stoppé par les huissiers.
Photo: AFP
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AFP Agence France-Presse

Majoritaires dans l'hémicycle, la gauche et le RN ont échoué jeudi à faire voter une loi proposant d'abroger la réforme des retraites, face à l'obstruction du camp présidentiel, auquel la France insoumise n'a eu de cesse de promettre la censure la semaine prochaine, dans une atmosphère particulièrement tendue.

«La macronie est finie et (...) le premier vote pour abroger réellement la réforme de la retraite à 64 ans, il est mercredi prochain, lors de la censure qui permettra à la fois de faire tomber le gouvernement Barnier mais aussi de défaire cette retraite à 64 ans dont personne ne veut», a réagi auprès de la presse la présidente du groupe LFI, Mathilde Panot, à l'issue des débats.

La France insoumise avait placé en tête des textes de sa «niche parlementaire» – la journée annuelle réservée à ses textes –, une proposition de loi visant à abroger la réforme de 2023 qui a reculé l'âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans. Mais le texte n'a pu être voté, en raison de centaines d'amendements déposés par la coalition gouvernementale afin de ralentir les travaux qui devaient nécessairement se terminer à minuit, et de débats houleux marqués par de multiples rappels au règlement et suspensions de séance.

«Défaite cinglante pour le camp présidentiel»

La cheffe de file du RN, Marine Le Pen, dont le groupe avait proposé un texte similaire lors de sa «niche» le 31 octobre, a dénoncé sur X des «manœuvres d'obstruction» à travers lesquelles «la macronie a fait ce soir un bras d'honneur au débat démocratique». Mais elle s'en est aussi prise à la gauche, qui avait refusé de voter le texte du RN, «par pur sectarisme».

En fin d'après-midi, les partisans de l'abrogation ont remporté une victoire symbolique: ils ont repoussé par 241 voix contre 100 des amendements par lesquels leurs collègues du «socle» gouvernemental voulaient vider le texte de sa substance. Cette «défaite cinglante pour le camp présidentiel» prouve qu'"il y a une majorité à l'Assemblée et dans le pays pour l'abrogation», s'est félicitée sur X la députée LFI Clémence Guetté.

A deux doigts d'en venir aux mains

La tension est montée crescendo dans l'hémicycle tout au long de la journée, avec en point d'orgue vers 22 heures un incident provoqué par le député MoDem Nicolas Turquois, venu se plaindre auprès d'un député socialiste des menaces et insultes reçues par sa famille en raison de son opposition à la réforme des retraites.

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«Ma famille a été menacée! Et ce sont des personnes de ton village!», aurait lancé Nicolas Turquois à Mickaël Bouloux, selon Le Figaro. Le président du groupe MoDem Marc Fesneau est intervenu, ainsi que des huissiers, avant que le député Turquois ne quitte l'hémicycle.

Un gouvernement en sursis

Les députés de gauche n'ont eu de cesse de dénoncer l'obstruction du camp macroniste, fustigeant un «sabotage indigne» ou des «méthode de voyous». Et ils ont juré de prendre leur revanche mercredi, en faisant tomber le gouvernement... si le RN le décide.

Le Premier ministre Michel Barnier pourrait décider lundi de déclencher le 49.3 pour faire adopter sans vote à l'Assemblée le budget de la Sécurité sociale, s'exposant à une motion de censure de la gauche, et que le Rassemblement national menace de voter. Les macronistes ont eu beau jeu de rappeler que les Insoumis avaient eux-mêmes tout fait pour éviter un vote, lors de l'examen de la réforme des retraites en 2023.

«C'est vous qui avez à l'époque voulu bloquer les débats, empêcher les votes!», s'est exclamé le ministre du Budget Laurent Saint-Martin, observant que les «quelques centaines d'amendements» devant être examinés jeudi n'étaient rien en regard des 19.000 déposés par la gauche en 2023.

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