Les images de la caméra de surveillance permettent seulement d'imaginer le carnage qui s'est produit mardi au péage français d'Incarville. Mardi, des inconnus sortis de nulle part ont attaqué un fourgon de transport de prisonniers. Dans plusieurs séquences, on voit comment les gangsters percutent le véhicule avec deux voitures, prennent d'assaut le fourgon et libèrent ensuite le célèbre trafiquant de drogue et délinquant Mohammed A.*, âgé de 30 ans. Pour finir, les assaillants ont abattu deux employés de la prison.
Les auteurs — y compris Mohammed A. — sont toujours en fuite. Actuellement, l'autorité internationale de poursuite pénale Interpol recherche l'homme de 30 ans, surnommé «la Mouche». Ce qui est clair, c'est que l'acte de mardi a nécessité une détermination extrême et une préparation minutieuse. Comme le journal français «Le Monde» l'a appris de différentes sources policières, Mohammed A. n'était pourtant pas connu en France depuis longtemps comme un «gros poisson», il était plutôt décrit dans le milieu judiciaire comme un «milieu de terrain et un opportuniste». Le trentenaire est-il donc passé sous le radar de la justice française pendant tout ce temps?
Enlèvements et meurtres
Ces dernières années, Mohammed A. a accumulé un épais casier judiciaire. Diverses infractions au code de la route, aux drogues et aux armes sont reprochées au Français. Mohammed A. a donc déjà été condamné à plusieurs peines de prison. Mais il a également déjà été accusé de complicité d'homicide.
En été 2022, le corps carbonisé d'un homme a été retrouvé dans la région de Marseille. Mohammed A. était accusé de «complicité d'enlèvement et de séquestration et de complicité d'assassinat de la personne». Au moment des faits, le Français était toutefois derrière les barreaux pour une autre affaire.
Mohammed A. a-t-il continué à distribuer des ordres depuis sa cellule?
L'enquête a révélé que le criminel continuait à communiquer derrière les murs de la prison via une ligne téléphonique établie au nom de sa sœur et que ses «hommes» lui fournissaient de la nourriture, du tabac et de la drogue en prison. Mohammed A. revendait la drogue en tant que grossiste, avait plusieurs contacts avec différents trafiquants dans la région de Marseille. Un document interne que «Le Monde» a pu consulter montre que même dans sa cellule, il ordonnait à des complices de commettre «des vols, des extorsions, voire des enlèvements, réalisés depuis sa cellule au moyen de messageries cryptées».
Les enquêteurs le soupçonnent notamment d'être à l'origine d'un enlèvement et d'un chantage commis début 2023. A l'époque, un jeune homme avait été pris en otage par des inconnus et libéré contre une rançon de 100'000 euros. Comme l'a confirmé mardi soir la procureure de Paris Laure Beccuau lors d'une conférence de presse, Mohammed A. a été condamné en dernier lieu à une peine de 18 mois de prison pour vol aggravé. Mardi, il devait être transféré dans une autre prison.
Macron veut punir les auteurs
Lors de l'attaque, trois autres fonctionnaires ont été grièvement blessés — l'un d'entre eux était toujours en danger de mort mardi soir. On ne sait pas encore grand-chose des complices du fugitif: ils étaient cagoulés et ont probablement pris la fuite dans deux véhicules, une BMW noire et une Audi blanche, qui ont été retrouvés calcinés à Houetteville et Gauville. Pendant ce temps, les recherches pour retrouver les fugitifs se poursuivent à un rythme soutenu. Le président Emmanuel Macron a promis de «tout faire pour retrouver et punir les auteurs de ce crime odieux».
* Nom connu