Objectif mai 2027. Fin de partie pour tous ceux qui espèrent, en France, voir Emmanuel Macron démissionner avant la fin de son second mandat présidentiel. Le président français l’a répété plusieurs fois: il restera à son poste dans les «trente prochains mois».
«Le mandat que vous m’avez confié est de cinq ans et je l’exercerai jusqu’à son terme» a-t-il asséné. Pas question pour lui d’endosser la responsabilité de la crise politique déclenchée par la chute du gouvernement de Michel Barnier, après le vote d’une motion de censure mercredi 4 décembre par une majorité de députés d’opposition à l’Assemblée nationale. Au contraire: le chef de l’État a dénoncé «l’irresponsabilité du front antirépublicain», désignant ainsi les 331 députés qui ont renversé le gouvernement pour la première fois depuis 1962.
Et maintenant? Un premier ministre sera nommé dans les prochains jours à la tête d’un gouvernement «d’intérêt général» et «resserré», avec pour mission de constituer ce que Michel Barnier n’a pas réussi: une coalition la plus large possible qui exclut les extrêmes, à savoir le Rassemblement national (droite nationale populiste) et La France Insoumise (gauche radicale). Pas de nom pour le moment. Rien sur les favoris évoqués: le ministre de la Défense Sébastien Lecornu ou le leader centriste François Bayrou. Mais un agenda politico-économique destiné à rassurer les partenaires européens de la France et les milieux d’affaires.: un projet de «loi spéciale», prévu par la Constitution, sera présenté par le nouveau gouvernement pour reconduire le budget de 2024. Puis un projet de loi de finances rectificatif sera présenté au début 2025, notamment pour tenir les promesses faites d’augmentation du budget pour trois secteurs qu’il a nommément cité: l’armée, les agriculteurs et la Nouvelle-Calédonie.
La démission, pas question
Macron démission: c’est donc raté. L’ultimatum adressé par plusieurs responsables politiques, sous une forme ou sous une autre, est en train d’échouer. Le président de la République a, en fait, renvoyé la balle à ses adversaires. Pour lui, ce n’est pas sa décision de dissoudre l’Assemblée nationale le 9 juin dernier qui est la cause de la crise actuelle. Tout juste concède-t-il qu'elle a «peut-être été mal comprise». Les responsables de l’instabilité actuelle sont «l’extrême droite et l’extrême gauche». Son objectif reste donc le même: conserver les composantes actuelles du gouvernement (droite et centre) et y ajouter la participation ou, au minimum, un pacte de non-censure conclu avec les socialistes.
A deux reprises, Emmanuel Macron a pointé le Parti socialiste (PS), sans le nommer directement. Une tentative pas du tout sûre d’aboutir, car ce parti demeure aujourd’hui solidaire des autres composantes du Nouveau Front Populaire (la coalition composée avec les communistes, les écologistes et LFI). Même si des failles en son sein commencent à se faire jour, et que des discussions ont eu lieu, par exemple, entre l’exécutif et l’ancien président François Hollande. Le gel de la réforme des retraites, totem pour la gauche, et l’introduction d’une part de scrutin proportionnel, indispensable pour permettre au PS de sauver ses députés, serait sur la table.
Méthode Macron
La méthode Macron n’a pas changé. Le Chef de l’État ne veut pas entendre, et encore moins comprendre, qu’il est en partie la cause du malaise national actuel. Il se présente au contraire en rempart, voire en commandant en chef couronné de succès, en présentant comme modèle la restauration de Notre-Dame, qui sera inaugurée ce week-end en présence de nombreux dirigeants étrangers. Sans cesse, le locataire de l’Élysée a utilisé le «je» et interpellé directement ses compatriotes. C’est donc entre lui et le peuple que se trouverait la solution, alors que les élections législatives ont accouché d’un parlement fracturé, bien décidé à imposer ses vues.
Mais comment temporiser devant l’assaut des oppositions? Là, Emmanuel Macron n’a rien dit, sauf un rappel: il ne pourra pas à nouveau dissoudre l’Assemblée nationale avant juillet 2025. Ceux qui espéraient le voir céder sous la pression en ont pour leurs frais. La France cocotte-minute n’a pas fini de bouillir.