L'opposition ne l'entend pas de cette oreille
Emmanuel Macron veut nommer le nouveau Premier ministre dans les 48 heures

Emmanuel Macron a réuni ce mardi les chefs de partis, hors RN et LFI, pour trouver une méthode permettant de nommer un Premier ministre et éviter une nouvelle censure. Le président français veut donner un nom dans les prochaines 48 heures.
Publié: 10.12.2024 à 16:15 heures
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Dernière mise à jour: 10.12.2024 à 16:49 heures
Six jours après la censure de Michel Barnier, rien n'indique que cette réunion avec une trentaine de responsables et des visions aux antipodes puisse aboutir à une entente.
Photo: IMAGO/ABACAPRESS
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AFP Agence France-Presse

Un «contrat de méthode» pour surmonter les lignes rouges: le président français Emmanuel Macron a invité mardi les chefs des partis politiques, hors extrême droite et gauche radicale, pour essayer de défricher la route lui permettant de nommer un Premier ministre, et surtout d'éviter une censure.

Après avoir enchaîné des réunions camp par camp, Emmanuel Macron a débuté mardi en début d'après-midi une réunion avec les chefs de partis et présidents de groupes parlementaires de la plupart des forces politiques dans une même salle du palais présidentiel, à huis clos sans collaborateurs. Le chef d'Etat français ambitionnerait de nommer le prochain locataire de Matignon «dans les prochaines 48 heures», révèle le média français «Le Parisien», s'appuyant sur les témoignages de plusieurs participants à la réunion. L'entourage d'Emmanuel Macron dit espérer «avancer sur un accord concernant une méthode» pour la nomination d'un nouveau chef de gouvernement.

Cette première rencontre collégiale sera-t-elle la dernière autour du chef de l'Etat? «Nous souhaitons que ce débat ne puisse pas se prolonger sous ses auspices pour une raison simple, c'est qu'il n'est plus en situation aujourd'hui d'être l'arbitre des élégances», a commenté le patron du Parti socialiste Olivier Faure, en arrivant au palais présidentiel. «La suite des discussions devrait plutôt se passer à l'Assemblée», a abondé la cheffe des Ecologistes Marine Tondelier.

La gauche à nouveau divisée

Six jours après la censure de Michel Barnier, rien n'indique que cette réunion avec une trentaine de responsables et des visions aux antipodes puisse aboutir à une entente. Pour Marine Tondelier, pas question de participer «à un gouvernement 'd'intérêt général' avec LR (Les Républicains, droite) ou des macronistes». «Nous revendiquons très logiquement (...) un Premier ministre de gauche» qui soit «ouvert aux compromis», a martelé Olivier Faure, alors que l'alliance de gauche du Nouveau Front Populaire (NFP) a remporté les législatives.

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Si les socialistes, écologistes et communistes sont bien là, le parti radicale de la France Insoumise (LFI), leurs alliés au sein du NFP, n'ont pas été invités, provoquant des tensions entre les partenaires. «La politique de la chaise vide est une forme d'affaiblissement de la gauche», a regretté le chef du PS, assurant vouloir chercher une «solution» pour une «sortie de crise».

Le coordinateur de LFI Manuel Bompard a de son côté appelé le reste du NFP «à ne pas céder aux sirènes et à la tentation du gouvernement national». Et le leader insoumis Jean-Luc Mélenchon a mis en garde: «Qui pense pouvoir gagner un seul siège sans nous?» Pour montrer leur bonne foi, les participants de gauche à la réunion disent vouloir un changement de cap politique, notamment sur les retraites.

«Le critère c'est la logique de compromis»

L'hypothèse d'un Premier ministre de gauche est jugée de son côté «pas crédible» par le chef des députés LR Laurent Wauquiez, qui a assuré ses troupes que la rencontre élyséenne ne pourrait qu'être une occasion de parler de «la méthode pour obtenir une non-censure» et «en aucun cas» d'une «participation à un gouvernement ou sur un programme». Le Rassemblement national (RN), pièce maîtresse de la chute du gouvernement Barnier, n'a, comme LFI, pas été convié mardi. «Le critère c'est la logique de compromis, ni le RN ni LFI ne l'ont souhaité», explique l'entourage du président français.

La pression de nommer rapidement un nouveau chef du gouvernement est notamment liée à la situation financière du pays. Avec un déficit qui devrait dépasser les 6% du PIB cette année, la France affiche la pire performance des 27 États membres de l'Union européenne à l'exception de la Roumanie, très loin du plafond de 3% autorisé par l'UE. Alors que le gouvernement démissionnaire s'était fixé l'objectif de réduire le déficit public à 5% du PIB l'an prochain, le projet de budget n'a pas pu être voté en raison de la censure.

Un projet de «loi spéciale», permettant notamment à l'Etat de lever l'impôt à partir du 1er janvier, sera présenté mercredi lors d'un conseil des ministres présidé par Michel Barnier, a indiqué l'Elysée. Cette «loi temporaire» avait été annoncée par M. Macron dans son allocution télévisée après la censure du gouvernement, afin d'assurer «la continuité des services publics et de la vie du pays».

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