Les incidents se sont multipliés en France depuis la mort mardi de Nahel, tué par balle à la suite d'un contrôle routier à Nanterre, ville du département des Hauts-de-Seine située à une quinzaine de kilomètres à l'ouest Paris.
Et les tensions sont allées crescendo dans la nuit de mercredi à jeudi, se propageant autour de la capitale mais aussi à d'autres grandes villes telles que Lyon (sud-est) ou Toulouse (sud-ouest).
Selon la préfecture de police de Paris, qui couvre la capitale et ses trois départements limitrophes, 35 interpellations avaient été effectuées avant 02H00 jeudi (00H00 GMT), contre 31 la nuit précédente dans tout l'Hexagone.
La présence policière avait été largement renforcée dans la région.
Plutôt calme en début de soirée, la situation a commencé à se tendre après 23H00 mercredi (21H00 GMT) à Nanterre, chef-lieu des Hauts-de-Seine déjà théâtre d'affrontements entre habitants et forces de l'ordre la veille.
Plus d'une dizaine de voitures et nombre de poubelles ont été incendiées et des barrières ont été placées sur la route, selon des journalistes de l'AFP sur place.
L'opposition s'est poursuivie jusqu'au milieu de la nuit dans une cité de l'est, les forces de l'ordre répondant aux jets de pavés par des tirs de gaz lacrymogène.
Dans le même département, à Clamart, une rame de tramway a été incendiée et, dans l'Essonne, au sud de Paris, un groupe de personnes a mis le feu à un bus vidé de ses passagers vers 21H00 (19H00 GMT), selon des sources policières.
En Seine-Saint-Denis, département au nord-est de la capitale, de nombreuses dégradations ont été commises par des groupes d'émeutiers très mobiles.
Marche blanche ce jeudi
La mère de Nahel a appelé à une marche blanche jeudi à 14H00 (12H00) devant la préfecture des Hauts-de-Seine.
La mort de l'adolescent a suscité une forte émotion en France, du chef de l'Etat Emmanuel Macron au capitaine de l'équipe de France de football Kylian Mbappé.
Dans un premier temps, des sources policières avaient affirmé qu'un policier avait tiré lorsqu'un véhicule avait foncé sur deux motards de police mardi.
Mais selon une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux et authentifiée par l'AFP, un des deux policiers tenait le conducteur en joue et a tiré à bout portant quand la voiture a redémarré. On y entend «tu vas te prendre une balle dans la tête», sans que l'on puisse identifier l'auteur de cette phrase.
Atteint au thorax, Nahel M. est décédé peu après.
«Les images choquantes (...) montrent une intervention qui n'est manifestement pas conforme aux règles d'engagement de nos forces de l'ordre», a estimé la Première ministre Elisabeth Borne, tandis que le président Macron a dénoncé un acte «inexplicable» et «inexcusable».
Les principaux syndicats de police ont fustigé les déclarations de l'exécutif, en mettant l'accent sur la «présomption d'innocence».
Les forces de l'ordre dans la tourmente
Cette affaire a relancé la controverse sur l'action des forces de l'ordre en France, où un nombre record de 13 décès a été enregistré en 2022 après des refus d'obtempérer lors de contrôles routiers.
«J'ai mal à ma France. Une situation inacceptable», a écrit la star du Paris-Saint-Germain (PSG) Kylian Mbappé sur Twitter.
«Qu'une justice digne de ce nom honore la mémoire de cet enfant», a aussi tweeté l'acteur Omar Sy.
Le policier soupçonné du tir mortel, âgé de 38 ans, est interrogé par l'Inspection générale de la police nationale dans le cadre d'une enquête ouverte pour homicide volontaire. Sa garde à vue a été prolongée, a-t-on appris mercredi auprès du parquet de Nanterre.
Le drame a également provoqué de nombreuses réactions de responsables politiques.
«Assez! Ces meurtres engagent l'autorité de l'Etat! Cette police doit être entièrement refondée, ses meurtriers punis», a tweeté le leader de La France insoumise (gauche radicale) Jean-Luc Mélenchon.
Les représentants du Rassemblement National (extrême droite) Jordan Bardella et Sébastien Chenu ont invoqué une «tragédie» et demandé à respecter «le temps de l'enquête», ainsi que «la présomption d'innocence».
(AFP)